Rouget de Lisle (1760-1836)
détail du tableau d'Isidore Pils
Rouget de Lisle (1760-1836)
auteur de La Marseillaise
tableau de Isidore Pils, 1849,
musée de la ville de Strasbourg, dépôt du Louvre
Les nombreux visiteurs français ou étrangers qui viennent spécialement au Musée Historique pour admirer le tableau de «Rouget de Lisle chantant La Marseillaise», confirment la force d’attraction que peuvent avoir certaines créations artistiques même (et surtout) si elles n’ont que peu de rapport avec la réalité-: le mythe l’emporte sur la vérité.
Isodore-Alexandre-Augustin Pils expose cette toile au Salon des Beaux-Arts de Paris en 1849, au moment où la révolution de 1848 remet à l’honneur La Marseillaise comme chant national. La scène se passe dans le salon du maire de Strasbourg, le baron de Dietrich (élu en février 1790). Devant un parterre d’invités et le maire, accompagné au clavecin par Madame de Dietrich, Rouget de Lisle, dans un geste théâtral, entonne le chant qu’il a griffonné sur un bout de papier.
La réalité est un peu différente. En 1792, la Révolution est dans une impasse, les uns la considérant comme terminée (c’est le cas du maire), les autres désirant la poursuivre, l’approfondir afin d’empêcher le retour de ceux qui la rejettent depuis le début. Selon un schéma bien connu, c’est à l’extérieur que tous les antagonistes cherchent la solution à leurs problèmes.
L’affaire des «princes possessionnés» en Alsace, la concentration des émigrés le long du Rhin, servent de prétexte à déclarer la guerre le 20 avril 1792 au «roi de Bohême et de Hongrie», c’est-à-dire à François II, empereur du Saint Empire. Les modérés, qui veulent la guerre pour éliminer les jacobins, sont conscients de l’impréparation de l’armée à laquelle il est nécessaire d’insuffler un idéal. À Strasbourg la fièvre monte, l’ambiance est à l’exaltation.
Depuis le départ des émigrés, la haute bourgeoisie libérale et éclairée, en dehors des clubs, a ouvert ses salons. Celui du maire de Dietrich reçoit régulièrement, place Broglie (à l’emplacement de l’actuelle Banque de France) des militaires (Kléber, Rouget de Lisle), des hommes d’affaires (le banquier Pasquay…), des professeurs, des artistes (le musicien Ignace Pleyel). Dans la correspondance avec son frère, magistrat à Bâle, Madame de Dietrich raconte avec précision le déroulement de la célèbre soirée du 25 au 26 avril 1792.
Le maire a commandé au capitaine du génie, Rouget de Lisle, un chant de circonstance pour l’armée du Rhin. Poète et compositeur à ses heures, Rouget de Lisle apporte un texte avec la musique. Bon ténor, de Dietrich chante le morceau. Sa femme, le lendemain, arrange la partition pour le clavecin et d’autres instruments, peut-être a-t-elle été aidée par Ignace Pleyel, musicien de grand talent ?
Le 7 juillet 1792 les «Affiches de Strasbourg» publient les strophes et la musique dédiées à l’«Armée du Rhin» et au maréchal de Luckner, son commandant. Séduits par cet hymne et les paroles, les soldats s’en emparent rapidement. La transformation en «Marseillaise» est le fait de volontaires marseillais qui la chantent en allant rejoindre leurs positions dans le Nord de la France.
notice du Musée de la ville de Strasbourg
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Rouget de Lisle interprétant son "chant de guerre pour l'armée du Rhin"
dans le salon du maire de Starsbourg, de Dietrich dont l'épouse est au clavecin ;
chromo didactique, vers 1900 (?)
revers du chromo ci-dessus
autre chromo didactique et publicitaire
Henry Coutant était un homme de lettres, né en 1867
à Cholet (Maine-et-Loire), mort après 1941 (?)
l'appellation de La Marseillaise varie : "chant national",
"chant révolutionnaire", "chant patriotique", "hymne national"...
la tombe de Rouget de Lisle à Choisy-le-Roi ;
sa dépouille fut exhumée en 1915 pour le transfert aux Invalides
la statue de Rouget de Lisle à Choisy-le-Roi
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le transfert des cendres de Rouget de Lisle aux Invalides,
14 juillet 1915
le cortège dans les rues de Paris
le cortège dans les rues de Paris
le cortège dans les rues de Paris
le cortège dans les rues de Paris
dans la cour des Invalides le 14 juillet 1915
le cortège dans la cour des Invalides le 14 juillet 1915
dans la cour des Invalides (carte postale ancienne)
le cercueil dans la cour des Invalides
14 juillet 1915, discours du président de la République, Raymond Poincaré
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