l'identité nationale du cinéma
jusqu'en 2001, Cannes fut appelé sur les affiches
"Festival international du film"
le cinéma, reflet d'une identité nationale
Géraldine Véron (Le journal du CNRS) : Pourquoi le premier festival du monde est-il une extraordinaire vitrine des cultures, des valeurs ou des idées venues des quatre coins de la planète ?
Monique Dagnaud : Le
cinéma reflète presque toujours une culture, une identité nationale ou
régionale. Lorsque l'on regarde un film, et même sans le son, on
retrouve une signature très identitaire. Y compris si le casting ou
l'équipe technique sont internationaux. En peu de temps, le spectateur
est capable d'identifier la nationalité du film.
Car le plus
souvent, ce dernier dénote un regard, une esthétique qui portent
l'empreinte d'un contexte socio-géographique ; il exprime une société
particulière. Les décors, la manière de filmer, le jeu des acteurs, le
rythme sont des indicateurs très précieux. Le cinéma social anglais,
par exemple, est reconnaissable par ses mises en scène d'univers
déstructurés ou par ses acteurs qui ont toujours l'air de gens
ordinaires. Des cas plus extrêmes existent également, tel que le cinéma
de Bollywood, fortement marqué par le «Bollywood masala» : un mélange de danses, de musiques, de chants…
(...)
Monique Dagnaud, directrice de recherche CNRS à l'Institut Marcel Mauss (CNRS/EHESS) à Paris
Vous assurez que le cinéma reflète presque toujours une culture, une identité nationale. Et permet une véritable affirmation nationale. Comment cela se manifeste-t-il ?
Monique Dagnaud - L'exemple le plus évident, c'est l'Inde. C'est un pays immensément cinéphile. Avec plus de 1 000 films par an, c'est le plus prolifique. Ce phénomène est ancien et très lié à la culture de l'Inde. Dès les années 30, le pays produisait déjà plus de 400 films. Le public, de son côté, reconnaissait dans les images animées un spectacle venant du bouddhisme et de la religion tantrique. De plus, les Anglais ont poussé les Indiens à développer leur industrie cinématographique, pour écarter l'influence du cinéma américain.
En Union soviétique, Eisenstein a représenté une certaine vision de l'histoire de son pays. En France, cette vision est plus ethnographique, identitaire. Elle reflète les passions, les préoccupations des individus. Le cinéma chinois est en pleine expansion. Il parle des problèmes de la société chinoise, comme par exemple la question de l'émigration des paysans vers la ville, mais conserve aussi une vision épique.
Sud-Ouest.com, 17 mai 2009
source
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Le salaire de la peur, Grand Prix 1953
Orfeu Negro, Palme d'Or 1959
Quand passent les cigognes, Palme d'Or 1958
La loi du seigneur, Palme d'or 1957
Deux sous d'espoir, Grand Prix 1952
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liens
- Cinéma et littérature au Brésil - Les mythes du Sertao : émergence d'une identité nationale, Sylvie Debs
- Cinéma turc fin de siècle : le primat de l'identité nationale, Nicolas Monceau
- Cinéma et identité nationale, colloque Toulouse-le Mirail, 2004
- Le doux pays de mon enfance, avec Daniel Russo
- Du "national" appliqué au cinéma, Marie Tortajada (histoire du cinéma suisse)
- Deleuze, cinéma et identité nationale (cr lecture sur David Martin-Jones)
- Italiani. Immagini et identità : Racconti tra cinema e storia
- Le cinéma : constitutif potentiel de l'identité nationale ? (Suisse)
- Cinéma hollywoodien : pourquoi fait-il l'étudier ? Franck Bousquet
- La mélancolie du nom. Cinéma et identité nationale, Serge Cardinal (1997)
- Le cinéma comme élément de l'identité nationale, Festival de Lagos (Nigeria, 2003)
- Le cinéma fait partie de l'identité nationale française (académie de Nice)