ceux qui se réclament des «droits de la personne» et de la «tolérance» en appellent de plus en plus à la censure
Sommes-nous vraiment libres de
nous exprimer au Québec ?
Mathieu BOCK-CÔTÉ
«Nous assistons à la régression de la liberté d’expression au Québec
à travers l’hégémonie de la rectitude politique par laquelle certaines
élites médiatiques, intellectuelles et technocratiques confisquent le
débat public et accusent systématiquement d'intolérance ceux qui
expriment un désaccord avec elles. La technique de diabolisation est
bien connue : on accusera son adversaire de dérapage, ce qui consiste à
dire qu'il s'éloigne du seul chemin autorisé par les nouveaux curés de
la pensée unique.
Cette censure est particulièrement visible
sur les questions liées à l'identité québécoise. Comme on l'a vu avec
la crise des accommodements raisonnables, ceux qui s'opposent au
multiculturalisme se font accuser de racisme, de xénophobie, de
frilosité identitaire. Autrement dit, le désaccord politique est
interdit et ceux qui le manifestent sont présentés comme les porteurs
d’une pathologie morale. Or, on ne débat pas avec une pathologie, on la
guérit. On ne lui donne surtout pas droit de parole non plus.
Paradoxalement,
on ne le remarque pas assez, mais ce sont ceux qui se réclament des
«droits de la personne» et de la «tolérance» qui en appellent de plus
en plus à la censure des propos qui contredisent le multiculturalisme
dominant. On trouve même des intellectuels pour en appeler au retour
légal ou administratif de la censure et au contrôle de l’information
dans les médias, comme on l’a vu au moment de la commission
Bouchard-Taylor. Autrement dit, la liberté d’expression est menacée par
ceux qui prétendent la protéger.»
Mathieu Bock-Côté
candidat au doctorat en sociologie
à l'UQAM (université du Québec à Montréal)
journalmetro.com/quebec