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28 février 2022

Une défaite géopolitique du wokisme déconstructeur

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Une défaite géopolitique

du wokisme déconstructeur

Roland FURIEUX, agrégé de philosophie

 

Les intellectuels woke de chez nous et d’ailleurs, si prompts à brocarder en termes méprisants l’identité française, la culture française ou l’histoire française, viennent d’éprouver une conversion subite quant à l’identité, la culture et l’histoire de l’Ukraine.

Anciennes, vénérables, solides et violées par Poutine, ces réalités leur apparaissent désormais hors de toute analyse critique, invariables et pérennes car forgeant le magnifique patriotisme ukrainien dressé contre les chars russes.

Un retournement connu en fait (mais rarement explicité) si on veut bien se rappeler qu’au temps des décolonisations l’internationalisme et le cosmopolitisme propres à l’Occident glorifiaient des révoltes ou révolutions qui s’appuyaient, toutes et chacune, sur un nationalisme forcené, souvent un nationalisme ethnico-religieux.

D’ailleurs, depuis les indépendances, on a vu régulièrement ces nationalismes s’affronter mutuellement, parfois jusqu’à des guerres de carnages.

Rien de vraiment neuf donc sauf que le véritable chef d’État woke c’est Vladimir Poutine.

Qu’a-t-il dit et écrit depuis vingt-cinq ans, et répété trois jours avant l’invasion ?

Ceci : l’Ukraine n’existe pas, c’est une fabrication des Bolcheviks, singulièrement de Lénine qui demanda en 1912 à Staline de rédiger un ouvrage sur La question nationale. Après 1917, dit Poutine, Lénine céda des territoires historiques de la Russie afin de consolider son pouvoir, puis offrit aux républiques fédérées de vastes contrées qu’elles ne réclamaient même pas et des prérogatives renforçant leur autonomie culturelle.

Cette politique en faveur des nationalismes locaux avait pour but de fractionner la Russie et, par contrecoup, d’étayer le fragile pouvoir bolchevik. Ainsi peu avant l’offensive du 24 février, Poutine a dit à la télévision le 21 février que «l’Ukraine contemporaine a été entièrement et complètement créée par la Russie bolchevique communiste» (Le Monde, 23 février 2022).

 

Aux yeux de Poutine, l’Ukraine n’est qu’une construction sociale

Résumons : aux yeux de Poutine, l’Ukraine n’est qu’une construction sociale, induisant un imaginaire national chez ses populations, soudant une communauté fantasmée, élaborant des traditions culturelles toutes fraîches mais présentées comme immémoriales afin de faire croire à une histoire continue invétérée. Et devant cet édifice artificiel sans cesse consolidé, il devenait urgent de pratiquer une déconstruction active et militarisée au profit d’une autre élaboration fictionnelle, celle de la grande Russie toujours menacée.

Il y a tout lieu de penser qu’il ne s’agit nullement d’un prétexte mais d’une conviction ancrée. Seulement, les conséquences sont inverses.

C’est la politique depuis quinze ans de Poutine qui a affirmé comme jamais le sentiment national ukrainien car celui-ci n’est une substance ou une essence mais un processus épousant des phases de flux et de reflux en fonction de l’ennemi (l’histoire de l’Ukraine est trop complexe pour être résumable et l’ennemi a pu être, selon les périodes, les Tatars, les seigneurs polonais ou les Tsars moscovites....

Comme nos intellectuels woke déconstructeurs, Poutine vient de découvrir, chez autrui, l’enracinement, la tradition et l’identité nationale ainsi que le consentement à mourir pour les conserver. Peut-être pensait-il que l’Ukraine, agglomérat factice, s’effondrerait dès les premiers coups assénés ?

Si, devant la résistance populaire, il décidait de tout mettre en œuvre pour renverser le pouvoir de Kiev et d’installer des fantoches, ceux-ci ne pourront pas gouverner.

Car, d’un côté, et superficiellement, l’Ukraine ressemble à la Russie avec ses oligarques rapaces et ses corruptions en tout genre, de l’autre une chose fondamentale l’en sépare, l’existence d’une société civile autonomisée, plutôt urbaine et occidentalisée, qu’aucune police politique ne peut persécuter à sa guise.

Mais, désormais un autre danger se lève à l’horizon de tous, car c’est à Moscou même, dans les sphères politiques, chez les chefs militaires, au sein des forces économiques que l’échec prévisible de Poutine peut mettre en cause son autorité. Qu’est-il prêt à faire et avec qui, pour ne pas la perdre ? Pourrait-il utiliser de son pays pour conserver son pouvoir ?

Roland Furieux (pseudo)
agrégé de philosophie

 

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