comptes rendus de presse
revue de presse écrite,
audio-visuelle et en ligne
l’héritage historique
dont nous sommes tous les légataires
source : http://luette.free.fr/spip/spip.php?article241
19 mars 2009
En janvier dernier, le président Nicolas Sarkozy annonçait la création prochaine d’un "musée de l’Histoire de France". Cette annonce suscita quelques interrogations chez les historiens. Les uns jugèrent le projet inutile, les autres y virent un bon moyen pour renforcer " l’identité nationale". Le débat était lancé.
Mais, il ne fallut pas attendre longtemps pour que les clairons de l’indignation retentissent. En quelques jours, la causerie fut transformée en controverse stérile.
Et c’est ainsi à chaque fois que la question de l’identité nationale se pose.
Pourtant, la nation, le patriotisme, la culture et les traditions d’un pays sont des valeurs adulées quand il s’agit de promouvoir ou de défendre l’indépendance d’un peuple en lutte. Aujourd’hui encore, ce sont ces arguments fondateurs de l’anticolonialisme, qui reviennent dans les discours de ceux qui défendent la cause palestinienne, tibétaine, kurde....
Dans certains cas, le recours à l’identité nationale peut même devenir branché. N’a-t-on pas vu à l’occasion de la dernière élection américaine, les média et la classe politique française s’enthousiasmer devant le patriotisme de Barack Hussein Obama.
Et que dire de ceux qui manifestent pour préserver le modèle social français mis à mal par la mondialisation libérale ? N’y-a-t-il pas dans leur "résistance" une once de fierté nationale ?
Or en France, la Nation et l’identité nationale n’ont plus la côte. C’est Sympa... mais chez les autres.
Le relativisme à tous crins, la sociologie sermonneuse, l’antiracisme dévoyé, le multi-culturalisme souriant, auront permis, à toute une partie de la gauche française, de rompre avec l’idée nationale. Pour la gauche moderne, et l’armada d’historiens militants qui lui serve de caution, l’identité française est réductible à une mythologie vichyssoise, racialiste et xénophobe. À en croire leurs lamentations, il serait presque honteux de trouver dans l’Histoire de France des raisons d’être fier et même pire, d’en tirer une quelconque identité.
Pour Daniel Lefeuvre et Michel Renard, auteurs du livre " Faut il avoir honte de l’identité nationale ? " ce rejet idéologique qu’exprime la gauche depuis de nombreuses années, est caricatural et ridicule. Réduire l’identité française à une identité fantasmée, ou à de la xénophobie d’Etat, c’est faire peu de cas de l’héritage historique dont nous sommes tous les légataires. Les deux auteurs refusent "la mise en accusation, quelque peu paranoïaque, d’une prétendue machine républicaine qui ferait violence à la "France plurielle et métissée", en lui inculquant une "identité" qui ne serait pas la sienne."
À l’heure où se chante à l’unisson les louanges hypocrites de la riche et merveilleuse diversité, le temps n’est-il pas venu de se réappropier l’Histoire d’une nation assimilatrice, fraternelle, égalitaire et libre ?
Ecouter l’entretien avec Michel Renard
remet bien des idées en place
Dans le numéro 72 de Politique Magazine (mois de mars), Yvan Blot propose la note de lecture suivante à propos de l'ouvrage de Daniel Lefeuvre et Michel Renard :
Ce petit livre courageux de deux enseignants remet bien des idées en
place. Avec d'abord cette citation de la philosophe Simone Weil dans
l'introduction : "...Nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève, que
les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés, par
nous... L'amour du passé n'a rien à voir avec une orientation politique
réactionnaire."
Les auteurs ne sont pas conservateurs, ils aiment la France, son patrimoine et son histoire, des croisades aux guerres révolutionnaires. L'identité nationale est la conscience de l'appartenance à une communauté, mais aussi un substrat historique, dont ils font remonter les origines à Jeanne d'Arc et même plus loin, au partage de Verdun en 843, lorsque l'héritage de Charlemagne fut divisé entre Charles le Chauve, dont les terres constituèrent la future France, et Louis le Germanique, dont la Francia Orientalis donna naissance à l'Allemagne.
Aussi le sentiment national n'est-il ni de droite ni de gauche mais devrait être commun à tous les Français.
Pour Lefeuvre et Renard, la langue française est le socle de notre identité, surtout depuis la fin de la monarchie. Très logiquement, ils abordent ensuite la question de l'immigration, démontrant l'impasse à laquelle aboutit le multiculturalisme tant vanté dans nos sociétés occidentales, qui n'aiment rien tant que de scier la branche sur laquelle elles sont assises. Or, même un Claude Lévi-Strauss pense qu'il faut défendre les particularismes culturels.....
Et comment évoquer ce sujet sans s'interroger sur la place de l'Islam face à notre identité nationale ? Pour les auteurs, le rôle de la nation est d'assimiler les éléments nouveaux, sous peine de s'autodétruire. Mais cela ne doit pas être au prix du renoncement à notre être historique propre, car, comme le rappelait déjà Rousseau, il est facile d'aimer "les tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins". La sagesse ecclésiale l'avait affirmé bien avant lui : "charité bien ordonnée commence par soi-même" et permet après d'aider les autres...
Appliquant ce principe à leur domaine,
celui de l'Éducation nationale, nos deux professeurs estiment que les
élèves doivent obéir aux lois existantes, qui ne sont pas négociables,
et que les enseignants sont là pour les encadrer et les protéger, et
non pour se soumettre à leur diktat.
Un livre sans connotation idéologique d'auteurs qui aiment leur pays et ont les pieds sur terre !
Yvan Blot
impeccablement documenté
actualité de Renan,
Très bon petit ouvrage, de lecture facile et impeccablement documenté, dans la même veine que Pour en finir avec la repentance coloniale, précédemment publié par l'auteur. Il donne envie de relire Renan qui définissait la nation comme "l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouement" (Qu'est-ce qu'une nation, 1882). Très salutaire, à l'époque où l'on nous serine que la France est à réinventer chaque matin. source : http://www.amazon.fr/Faut-il-avoir-honte-lidentit%C3%A9-nationale/dp/2035837065une certaine idée de la France |
Faut il avoir honte de l'identité nationale ?, édition Larousse - "à dire vrai", de Daniel Lefeuvre et Michel Renard
un livre à lire pour tous ceux qui croient encore en une certaine idée de la France, loin des clichés "patriote = facho" ...
Secrétaire Général de France Bonapartiste
Une année de crise
Ivan RIOUFOL
(...) Pour 2009, une conjonction de malaises sociaux et éducatifs se profile, dont la jeunesse
pourrait être le porte-voix. À dire vrai, elle a des raisons de
s'estimer bernée par une société qui s'endette sur son dos, la flatte
pour mieux la tromper et l'abrutit de son matérialisme. Quand le
chercheur Patrick Weil défend (dans Le Monde
du 17 décembre) la suppression, pour les concours, des épreuves de
culture générale et de langues vivantes parce qu'elles seraient
"discriminantes", cette acceptation d'une déculturation, déjà décrite (Bloc-notes du 5 décembre), revient à encourager une régression.
(...) Laisser croire,
comme le fait la pensée moutonnière, que seul le pouvoir d'achat serait
au centre des préoccupations des gens revient à s'aveugler sur le
reste. Or la tension dépasse de simples préoccupations terre à terre,
auxquelles le gouvernement devra bien sûr répondre. L'inquiétude
collective tient à l'avenir de la nation elle-même. Comme le note
Jean-Pierre Chevènement (Sénat, 1er décembre), "l'effacement de la France" est devenu un
risque, notamment si devaient triompher "les communautarismes et la
perte du lien civique ; antichambre de la guerre civile". Les
profanations de lieux de culte sont en cela de mauvais présages. Voilà
le vrai défi à relever pour 2009.
Sursaut
S'il doit y avoir un sursaut, il doit apparaître notamment à travers une hiérarchie des réformes et une lucidité face aux menaces intérieures. L'école ne peut plus être cette priorité floue alors qu'elle est au centre de la cohésion sociale affaiblie. Les professeurs Daniel Lefeuvre et Michel Renard doivent être entendus quand ils écrivent : "Il faut admettre que l'islamisme est bien une idéologie de rupture avec la culture occidentale, avec l'identit" nationale française " (in Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? Larousse). L'extrémisme de gauche partage d'ailleurs avec l'" islam révolutionnaire" de semblables ennemis qui les rapprochent. Quant à l'effet Obama, qui aura monopolisé une partie de 2008, il ne peut être compris, comme il l'a été en France, comme une incitation à promouvoir des minorités parce qu'elles seraient noires ou arabes. Puisse 2009 donner davantage la parole à ceux et celles qui, comme Malek Boutih, Fadela Amara, Sihem Habchi, Bouchera Azzouz, Malik Benlarbi, etc., défendent la seule méritocratie républicaine et la fierté d'être français.
Ivan Rioufol
Le Figaro, 24 décembre 2008
voir aussi ici
publié le 11 décembre 2008, Le Point, n°1891
La querelle de l'identité nationale
Alain Duhamel
La création d'un ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'identité nationale et du Codéveloppement confié à Brice Hortefeux avait déclenché l'année dernière une controverse théâtrale. Des intellectuels de renom, des associations et des mouvements de gauche avaient vu dans le terme d'«identité nationale» l'ombre du nationalisme et le spectre de la xénophobie. Les sifflets qui ont de nouveau accueilli La Marseillaise lors du match amical de football France-Tunisie ont ravivé les craintes, à droite cette fois-ci, face à ce qui était ressenti comme un refus du patriotisme tricolore et un rejet de l'identité nationale. L'éternelle querelle du sentiment national resurgit donc plus que jamais. L'essai vigoureux, bien informé mais délibérément polémique, que publient deux historiens sous le titre Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? (1) paraît donc à point nommé.
Les deux auteurs ont en somme historiquement raison et politiquement tort. Daniel Lefeuvre et Michel Renard n'ont évidemment aucun mal à établir l'ancienneté et l'authenticité du sentiment national français. Qu'il soit apparu durant la guerre de Cent Ans contre les Anglais est un fait. Qu'il se soit caractérisé par le légitimisme monarchique, par la puissance de l'État (spécificité française), par la langue, par la culture, par les sentiments, point de doute non plus. Qu'il ait pris la forme du patriotisme populaire sous la Révolution, qu'il ait alors d'abord plongé ses racines à gauche, au moins jusqu'aux années 1900, certes.
Que le nationalisme se soit ensuite ancré à droite, c'est encore vrai. Nos auteurs, qui avancent bardés de citations incontestables des meilleurs historiens (Braudel, Le Goff, Le Roy Ladurie, Nora, etc.), peuvent revendiquer sans faiblir une identoté nationale légitime et démocratique. En revanche, leur extrême anxiété face à l'islam au sein de notre société si laïque et si sécularisée, leur crainte des langues régionales, leur peur de l'immigration (une constante française qui a toujours eu besoin de trois générations pour s'assimiler, ils le savent) paraissent tout à coup abusives et systématiques. Leur science cède alors le pas à leurs émotions et leur rigueur, à leurs préjugés.
Voilà un reproche que l'on ne peut pas faire à Blandine Kriegel, qui, sur un sujet tout proche, publie avec Querelles françaises (2) un livre original, savant et néanmoins vivant. Il s'agit de la biographie intellectuelle d'une universitaire renommée, spécialiste de philosophie politique, qui a également présidé le Haut Conseil à l'intégration et participé à des rapports retentissants sur la réforme de l'État ou de la justice. Pour la place spécifique de l'Etat dans l'identité française, pour le rôle fondateur du droit dans notre pays, pour les insuffisances criantes de la séparation des pouvoirs en France --notamment l'autonomie contestée du judiciaire -, elle fait preuve d'une belle vigueur, d'ailleurs célébrée avec éblouissement dans la préface ébouriffante et foisonnante d'Alexandre Adler, son mari à la ville
1. Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?, de Daniel Lefeuvre et Michel Renard (Larousse, 188 pages, 9,90 €).
2. Querelles françaises. Entretiens avec Alexis Lacroix, de Blandine Kriegel (Grasset, 330 pages, 19,50 €).
Aain Duhamel
publié le 11 décembre 2008, Le Point, n°1891
- blog fdesouche : à propos de ce compte-rendu
- autre point de vue sur ce compte rendu : blog de la Droite libre
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- sélection de la médiathèque de France Culture
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- Le Figaro Magazine, 29 novembre 2008, article de Jean Sévilla : lire en Pdf
En 2007, la création du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'identité nationale et du Codéveloppement suscitait la polémique en raison de son intitulé. "Identité nationale", accusaient les détracteurs, est une formule qui renvoie à une conception essentialiste de la nation, source d'intolérance et de fermeture. Daniel Lefeuvre, professeur d'histoire à l'université Paris VIII, et Michel Renard qui enseigne l'histoire au lycée de Saint-Chamond, reprennent la question sous l'angle de la généalogie de l'idée nationale en France. Montrant que la conscience du fait national est apparue dès le Moyen Âge, ils plaident pour son interprétation républicaine, soulignant que le mot "identité" n'exclut pas une invitation à partager un système de valeurs. Sur un sujet qui fâche, un petit livre clair, signé par deux auteurs qui n'ont pas peur de leur ombre.
Jean Sévilla
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- sur le site de "Riposte laïque" :
- édito de Cyrano : "Sommes-nous d'affreux franchouillards si nous aimons notre pays, la France ?"
- compte rendu de lecture par Pierre Cassen, 11 novembre 2008
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Quelques réactions avant la parution de l'ouvrage :
- Gilles sur son blog, à la date du 19 septembre : exigeant.canalblog.com
- Elisseievna sur son blog, à la date du 28 septembre : blog féministe anti-totalitaire