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identité nationale
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4 novembre 2009

Lévi-Strauss contre le "mélange" des cultures

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Les cultures doivent résister

à l'uniformisation et au métissage


Dans ses "carnets libres" - quelle prétention ces "carnets libres"...! pourquoi, les autres n'écrivent pas librement peut-être...? - Edwy Plenel cite ce matin Claude Lévi-Strauss :

"«J'ai connu une époque où l'identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les États. On sait quels désastres en résultèrent.» Claude Lévi-Strauss a prononcé cette phrase à Paris, en 2005, quand commençait déjà à prendre forme la détestable régression nationale que signifie et personnifie le sarkozysme".

Magnifique anachronisme...! Quand Lévi-Strauss parle de l'identité nationale, dans ce contexte, il évoque les nationalismes expansionnistes de l'entre-deux guerres, tel celui de l'Allemagne hitlérienne. En aucun cas l'identité nationale comme vecteur d'une identité culturelle.

Engager Lévi-Strauss dans le combat contre la thématique de "l'identité nationale" au nom de son invitation "à vivre ensemble par le respect des ailleurs et du divers qui nous entourent" (Edwy Plenel), c'est faire totalement fausse route.

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L'ethnologue, au contraire, a toujours pris ses distances avec une vision irénique du métissage et du contact des cultures. Le contact, oui. Le mélange, non :

"C'est la différence des cultures qui rend leur rencontre féconde. Or ce jeu en commun entraîne leur uniformisation progressive : les bénéfices que les cultures retirent de ces contacts proviennent largement de leurs écarts qualitatifs ; mais au cours de ces échanges, ces écarts diminuent jusqu'à s'abolir.
N'est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd'hui ? Soit dit en passant, cette idée que, dans leur évolution, les cultures tendent vers une entropie croissante qui résulte de leur mélange (...) vient en droite ligne de Gobineau, dénoncé par ailleurs comme un père du racisme. Ce qui montre bien le désordre qui règne actuellement dans les esprits. (...)
Que conclure de tout cela, sinon qu'il est souhaitable que les cultures se maintiennent diverses, ou qu'elles se renouvellent dans la diversité ?
Seulement il faut consentir à en payer le prix : à savoir, que des cultures attachées chacune à un style de vie, à un système de valeurs, veillent sur leurs particularismes ; et que cette disposition est saine, nullement - comme on voudrait nous le faire croire - pathologique.
Chaque culture se développe grâce à ses échanges avec d'autres cultures. Mais il faut que chacune y mette une certaine résistance, sinon, très vite, elle n'aurait plus rien qui lui appartienne en propre à échanger. L'absence et l'excès de communication ont l'un et l'autre leur danger."

Claude Lévi-Strauss, De près et de loin, éd. Odile Jacob, 1988, p. 206-207.


Pauvre Edwy Plenel...

Michel Renard

- texte (allégé) envoyé sur le forum du Figaro (blog d'Yves Thréard)

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31 octobre 2009

"citoyen du monde", cela ne veut rien dire

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le pathos de l'identité "internationale"

Michel Renard

 

- texte de Taous sur le site du NPA (Besancenot) :

Je souhaite juste apporter mon ressenti quand à cette idée électoraliste, teintée de
xénophobie, qu'est le débat sur l'identité nationale.
La seule identité est pour moi l'espèce humaine.
Je suis née, sous le joug de l'occupation française, sur les
hauteurs d'Alger... J'ai grandi auprès d'un père qui chantait la
Marseillaise pour ne pas s'endormir au volant en sillonnant les routes
de l'Algérie, la Tunisie, le Maroc.
J'ai foulé pour la première fois la France alors que je
n'étais qu'une adolescente boutonneuse. Une petite escale de quelques
jours pour rejoindre la Suisse.
Le hasard d'un itinéraire de vie sinueux à fait que je me
retrouve habitant Nancy en France alors que mes boutons venaient juste
de sécher...
Il y a de cela déjà 27 ans.
J'ai 3 enfants (il et elles ont une carte d'identité française).
Malgré mes engagements citoyens, je n'ai pas opté pour la
nationalité française, et si je pouvais être déchue de ma nationalité
d'origine, j'en serais ravie.
Je ne me reconnais point dans cette notion de nationalité.
Je hais les drapeaux, identitaires par essence.
J’exècre cette formule "Je suis fière d'être...".
Le matin en écoutant la radio, je me sens palestinienne.
Au travail, je me sens ouvrière, comme tous les ouvriers et les ouvrières du monde entier...
Le soir, en sirotant mon verre de vin accompagné d'un roquefort, je suis française.
Et avant d'aller au lit, en lisant Hermann Hesse, Virginia
Woolf, Sophocle, Frida Kahlo... je me rends compte que je suis
allemande, anglaise, grecque, mexicaine...
Quand j'ai des insomnies, j'écoute Souad Massi, Buena
Vista Social Club, Tinariwen, Calexico...Je suis Algérienne, cubaine,
malienne, américaine...
Alors mon identité c’est tout cela et pas que ça , et tout ce que ne je ne peux citer car ça serait trop long...
Mon identité est tout ce qui me reste encore à remplir
dans la besace de ma vie comme richesse que je découvrirai aux côtés et
avec les autres.
Alors la réduire à une histoire, un drapeau, un hymne,  un "sang"...Je ne peux pas comprendre ni même y adhérer.
Mon identité elle est de toutes les couleurs, de toutes
les formes des nuages, de toutes les tailles des étoiles, de tous les
expressions des sourires, de toutes les traces de larmes, de toutes les
différences de teintes des couchers de soleil, de tous les océans...
Mon identité est INTERNATIONALE.
Taous

_________________________________________

discussion menée sur Facebook à partir du texte de Taous


Ydriss Foretz
Ydriss Foretz aime ça.

Bulent Acar
Bulent Acar

à méditer :)
à 19:37

Michel Renard
Michel Renard
- ahhh oui... à méditer... mais dans quel sens...?
à 19:51

Michel Renard
Michel Renard
- Ydriss, tu approuves vraiment ce texte...?
à 20:06

Ydriss Foretz
Ydriss Foretz

J'adhère complètement à ses principes non-identitaires ! On est avant tout citoyen du monde... Seule la culture peut être une "entrave" à ce concept d'unité du genre humain... (Kant). Pour ma part, j'estime que faire l'amalgame entre identité nationale et culture revient à réfuter le côté positif de l'espèce humaine capable de développer et d'entretenir des moeurs parfois fascinantes (bien sûr ce n'est pas une vérité absolue)... C'est comme confondre la pierre et l'édifice...
Après, pourquoi ne pas cultiver un mythe du terrien, une identité planétaire ?

à 20:09

Michel Renard
Michel Renard
- je vais te répondre Ydriss... mais alors, il faut que tu m'envoies une critique cinglante de mon livre, parce que ce je ne pense pas du tout comme Taous...!
à 21:21

Michel Renard
Michel Renard

- Ydriss, mon ancien élève, mon ami :

1) tu adhères à ces principes non-identitaires mais tu te revendiques d'une identité planétaire… alors identité ou pas identité ?

2) "citoyen du monde", cela n'existe pas : aucune citoyenneté mondiale ne s'est jamais affirmée ; la citoyenneté reste liée au monde des cités grecques (Antiquité) ou aux cadres nationaux à l'époque contemporaine de la démocratie : la citoyenneté n'existe aujourd'hui que parce qu'il y a des nations.

3) le concept de genre humain n'est pas une culture. Kant commence par critiquer tout Absolu et par établir la radicale finitude humaine (par rapport au temps et à l'espace) ; "toute conscience est conscience de quelque chose" (Husserl, cité par Luc Ferry dans le sillage kantien). Une culture n'existe que parce qu'elle trouve face à elle une autre culture qui la limite et la définit. L'idée d'une culture mondiale, c'est la fin de la culture.

4) tu as raison, le "terrien" est un mythe ; il n'existe que des hommes "enracinés et solides, fermement plantés dans leur terre" (^^) donc dans des cultures nationales qui sont les seules voies d'accès à l'universalité des cultures.
à 21:24

Bulent Acar
Bulent Acar

L'homme doit se remettre en question à tout instant, donc chaque idée, chaque opinion est bonne à méditer. Ici Taous à une manière un peu utopique de voir. Beaucoup de personnes ne peuvent se détacher de la culture de leur parents, de l'identité nationale qu'il représente... L'homme a besoin de s'associer à un groupe. Et ce groupe pour certains dans "l'exil" ou à "l'étranger", c'est l'origine, la nationalité. Après oui, quand nous nous sentons libre et détaché de toute ces notions de nationalités, pourquoi pas cultiver un mythe du terrien, c'est intéressant.
à 21:27

Michel Renard
Michel Renard

- Bulent, à propos du texte de Taous :

1) le sentiment de solidarité internationaliste ne fait pas une identité internationaliste qui, par définition, n'existe pas ; et ce genre de proclamation me semble un peu gratuite... on peut dire qu'on est "camarade" avec les ouvriers de Soweto, mais quant à vivre comme eux ou avec eux...!! il y a de la marge...

2) "la seule identité est l'espèce humaine"… cela ne veut rien dire du tout… chacun sait qu'il existe des identités, nationales ou autres ; la négation de ces réalités culturelles et symboliques c'est la marche vers l'uniformité des nouveaux esclaves robotisés de la mondialisation.

3) Et pourquoi cette Taous se sent-elle palestinienne ? plus qu'israélienne… ? si elle est "internationale" comme elle le prétend… Les Israéliens ne font-ils pas partie de l'internationale du genre humain…?

4) Lire des romans d'auteurs étrangers ne fait pas d'elle un élément de la patrie de ces écrivains ; d'ailleurs c'est une langue précise – en l'occurrence le français – qui lui donne accès à cette culture universelle ; il n'y a d'accès à l'universel que particulier.
Il en va de même de la musique. J'adore et j'ai écouté pendant des années de la musique arabe, algérienne, kabyle : je n'en suis pour autant ni arabe, ni algérien, ni kabyle…

Tout cela est un pathos de bons sentiments d'une mièvrerie effarante…

à 21:30

Bulent Acar
Bulent Acar

Monsieur, vous avez raison sur les 4 points que vous avez développés.
Mas je pense qu'il faut essayer de comprendre Taous. Pourquoi s'exprime t-elle ainsi ? Peut être que finalement la position qu'elle adopte ici sera la solution de toutes les formes de nationalismes. On sent dans ces propos un ras-le-bol, et dans le monde auquel on vit on peut consentir son ras-le-bol. Je vais être hs peut être, mais regardez. L'européen accepte que le roumain du coin vive une vie de misérable et ça chez lui, il a accepter de voir des milliers de personnes et surtout d'enfants mourir de faim. Aujourd'hui, pour des intérêts quelconque, on accepte, on crée la guerre là où on peut tirer du bénéfice. Franchement parfois ça donne envie de tout casser.

Et en tant que jeunes, on doit faire l'effort nécessaire pour changer le cours des choses. Peut être que Taous s'est mal exprimer, mais dans le message on peut y voir de la paix et de l'amour. Ce qu'il nous manque cruellement pour se lever et dire enfin STOP à la réalité de notre vieux monde égoïste.

J'espère que je me suis fait comprendre.

à 22:04

Michel Renard
Michel Renard

- oui, je te comprends Bulent.
Peut-être qu'un jour Taous aura-t-elle raison... j'espère de ne pas appartenir alors à un tel monde...
Mais Taous nage en pleine contradictions.
Elle dit "haïr" les drapeaux mais brandit le drapeau rouge dans les manifestations. Elle dit "exécrer" la formule "fière d'être" mais se sent fière d'être révolutionnaire internationaliste. Elle ne veut pas réduire son identité à un hymne, mais elle chante l'Internationale.
Taous ne fait que décliner un vieux refrain, celui d'un révolutionnarisme qui ferait fi des réalités culturelles du monde en les rabattant sur des formes d'aliénation liées au monde capitaliste... C'est d'un dogmatisme...!
Le trotsko-marxisme n'a jamais rien compris à la densité culturelle de l'histoire, aux enracinements anthropologiques et symboliques qui ne doivent rien au capitalisme mais à la complexité de la vie sociale qui ne se réduit pas aux "rapports de classe" ni au déterminisme économique...
Alors, son discours n'est qu'une posture, une auto-intoxication à laquelle, au fond d'elle-même, je suis sûr qu'elle ne se conforme pas.

à 22:34

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27 octobre 2009

pas réservé à la droite

gm

     

Michel Onfray :


"Le débat de l'identité nationale


n'est pas


réservé à la droite"


Michel Onfray, philosophe. (AFP)

Michel Onfray, philosophe. (AFP) 

Le prochain débat annoncé par le gouvernement sera celui de l'identité nationale. L'identité française. Que l'on retrouve aujourd'hui dans l'intitulé d'un ministère. La création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale était une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. En 2007, le candidat déclarait: "Parler de l'identité nationale ne me fait pas peur", même si "pour certains c'est un gros mot. (...) Je ne veux pas laisser le monopole de la nation à l'extrême droite. Je veux parler de la nation française parce que je n'accepte pas l'image qu'en donne Jean-Marie Le Pen." Le ministère a finalement été créé le 18 mai 2007 dès le premier gouvernement Fillon sous l'intitulé complet de "ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire". L'identité nationale, une affaire politique ou philosophique ? En réclamant le débat, Eric Besson a suscité un tollé dans l'opposition qui y a vu un thème emprunté à l'extrême droite. Pour le philosophe et écrivain Michel Onfray c'est au contraire une bonne occasion de se réapproprier le débat et de dire que l'identité nationale "est une certaine conception de la République qui fait preuve d'ouverture et de solidarité".

Nouvelobs.com : Existe-t-il une identité nationale française ?
- Michel Onfray : Oui, cela me parait évident. C'est l'histoire de la France. C'est un enjeu de société, c'est un enjeu d'histoire, c'est un enjeu politique aussi. Je trouve cela très bien de prendre la balle au bond et de montrer qu'il y a des définitions différentes et divergentes de l'identité nationale. Pour moi, il y a deux façons de concevoir l'identité. Celle de l'identité du sang, de la race et l'autre de la raison et de l'intelligence. Donc je trouve très bien de dire ce qu'est la France et comment elle fonctionne. Et ce n'est pas parce que la droite et l'extrême-droite ont défini une certaine idée de l'identité de la France, qu'il faut leur laisser dire. C'est une bonne occasion de dire que la France c'est la Révolution française, c'est une certaine conception de la République qui fait preuve d'ouverture, de solidarité et de fraternité.

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Que reste-t-il de cette identité nationale aujourd'hui ?
- Je crois qu'elle est mal en point parce que justement nous avons laissé cette question-là à la droite et à l'extrême-droite. Et que la gauche considère que le simple fait de parler d'"identité nationale", cela revient à utiliser le langage de l'extrême-droite. Ce qui n'est pas vrai. Quand l'Abbé Grégoire, par exemple, réfléchit au statut des Juifs dans la France lors de la révolution française, ce n'est pas un travail de droite. C'est plutôt un travail de gauche. Si on refuse le débat, il n'y aura de définition que celle de l'extrême-droite, c'est-à-dire la définition raciale.

L'État a-t-il un rôle à jouer dans la construction de l'identité nationale ?
- Non, je ne crois pas que ce soit à l'État de participer à la construction de l'identité nationale. C'est aux partis politiques, aux citoyens, aux philosophes, aux sociologues de faire un grand débat. L'État peut offrir des structures symboliques, comme la Sorbonne ou le Collège de France pour accueillir toutes les idées. Et faire se rencontrer des personnes qui ont leur définition de l'identité nationale. Moi, je suis preneur du débat pour montrer qu'il n'est pas le domaine réservé de la droite.

Peut-on encadrer l'identité nationale ?
- Cela dépend de la conception qu'on a de l'identité nationale et des personnes qui sont au pouvoir. Si vous êtes au pouvoir et que vous avez une conception de l'identité nationale qui est raciale, voire raciste, cela ne produira pas le même type d'effet que si vous êtes au pouvoir avec la conception de l'identité nationale héritée des Lumières. Si Éric Besson veut un débat, je trouve qu'il a raison. Maintenant s'il veut un débat de manière populiste en allant chercher ce qu'il a de plus bas chez les gens en secouant le racisme qui dort en nous souvent, effectivement cela va être problématique. S'il s'agit de prendre le peuple à témoin pour une définition de l'identité nationale, on ne va pas produire quelque chose de bien intelligent. Il ne s'agit pas de dire "regardez vos viscères et dites nous ce que vous en pensez".

interview de Michel Onfray par Sarah Diffalah
mardi 27 octobre 2009 - source

NOUVELOBS.COM | 29.10.2009 | 15:26

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Louis IX, saint-Louis

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27 octobre 2009

interview de Daniel Lefeuvre, 27 octobre 2009, Le Point

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INTERVIEW DE L'HISTORIEN DANIEL LEFEUVRE

"L'identité nationale est l'affaire


de tous"

propos recueillis par Chloé Durand-Parenti


Identit__nationale_couv_d_fLe ministre de l'Immigration Éric Besson a annoncé dimanche son intention de lancer, dès le mois de novembre, un grand débat sur l'identité nationale. Daniel Lefeuvre, professeur d'histoire à l'université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis et coauteur de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? *, répond aux questions du point.fr.    
          
lepoint.fr : Un débat sur l'identité nationale est-il nécessaire ?    
 
Daniel Lefeuvre : Ce débat a lieu parce que lors des dernières élections présidentielles les deux candidats en lice pour le second tour, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ont tous les deux fait campagne sur cette question. La candidate socialiste a même proposé de mettre des drapeaux tricolores à nos fenêtres. Mais, jusque-là, il y avait beaucoup de non-dits. Le fait qu'Éric Besson s'engage dans la clarté, que chacun puisse s'exprimer, me semble plus sain, mieux qu'un débat larvé qui peut générer des effets nauséabonds. Cela me paraît positif que l'État offre cet espace de débat sur une question centrale à laquelle la France est confrontée.
   
Le président du MoDem François Bayrou estime que l'identité nationale est "comme l'histoire, qu'il n'appartient pas aux politiques de l'accaparer". Qu'en pensez-vous ?    
C'est évidemment l'affaire des politiques. L'État a toujours été un des acteurs majeurs de la construction de l'identité nationale. Celle-ci s'est faite autour de l'État depuis le Moyen Âge, depuis les serments de Strasbourg de 842, en passant par Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe Le Bel et, bien sûr, François Ier, avec l'édit de Villers-Cotterêts 1539 qui impose le français dans les actes officiels de la monarchie. Les historiens sont légitimes tout autant que les syndicalistes, comme l'ensemble des citoyens. L'identité nationale est l'affaire de tous. Il n'y a pas de raison que telle ou telle catégorie de personnes en soit exclue.
   
Un tel débat a-t-il déjà été mené par le passé ?    
L'histoire de France est pleine de ces débats. Cela s'est vu notamment au moment de la Révolution française. Quand on discute de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, quand on réfléchit sur les institutions, quand on parle abolition de l'esclavage : on débat bien évidemment de ce sur quoi la France doit reposer et de ce qui la constitue. De même, quand on examine plus tard la question de la laïcité pour aboutir à la loi de 1905. Chaque fois, cela revient à poser la question de ce qu'est la France.
   
Quand le ministre de l'Immigration, Éric Besson, affirme que la burqa est "contraire aux valeurs de l'identité nationale", on a le sentiment qu'il définit celle-ci par l'exclusion. Cela vous choque-t-il ? Copia_de_trovadores   
Il y a des choses qui font partie de l'identité nationale. Il faut réaffirmer le côté positif de celle-ci. Mais, là, on voit bien que l'on entre dans le débat politique. En même temps, l'immense majorité des Français est hostile au port de la burqa, non pas tant d'ailleurs pour des raisons religieuses, mais parce que la France est historiquement le pays des femmes, le pays de la dame, le pays de la courtoisie. Déjà au XVIIe et au XVIIIe siècle, les voyageurs anglais étaient frappés par la place centrale occupée par les femmes dans la civilisation française. Or, la burqa tend au contraire à exclure les femmes. C'est pourquoi il faut affirmer la valeur de la laïcité, créer un espace apaisé et interdire la burqa pour qu'hommes et femmes partagent ensemble cet espace.
   
Qu'est-ce qui fait que l'on se sent français, notamment quand votre histoire familiale s'inscrit dans un autre pays ?    
L'intérêt de l'identité nationale et de la nation française, c'est qu'elles excluent l'identité raciale. L'identité nationale française est ouverte. Tout le monde peut devenir français. Tout le monde a la possibilité de participer à l'histoire de ce pays. Ce qui fait que l'on se sent français, c'est, je crois, le fait de partager la langue et un certain nombre de valeurs produites par l'histoire de France.
   
Comment expliquer que de jeunes Français d'origine étrangère, nés sur le territoire national, ne parviennent pas à s'approprier cette identité ?    
La France d'aujourd'hui a, en partie, renoncé à la politique d'assimilation, héritée du volontarisme républicain de la IIIe et d'une partie de la IVe république. On valorise le multiculturalisme, la pluralité des identités, au lieu de valoriser l'appartenance commune.
Or, un pays qui a du mal à être fier de lui-même, qui se délite parfois dans l'Europe, dans le régionalisme ou dans les communautarismes, est un pays qui attire relativement peu. Il convient toutefois de nuancer ce diagnostic. Car, il y a beaucoup de jeunes, nés en France, de parents ou de grands-parents venus d'ailleurs, qui sont aujourd'hui parfaitement intégrés et porteurs de cette culture française qu'ils ont eux-mêmes enrichie. L'identité française est un héritage pluriséculaire, mais c'est un héritage vivant. Chaque génération l'enrichit avec ses propres apports. Je dis bien : elle l'enrichit, mais elle ne la refonde pas.

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le domaine royal au XIe siècle : l'État a toujours été
un des acteurs majeurs de la construction de l'identité nationale

   
Comment peut-on renforcer l'identité nationale ?    
Le rôle de l'école me paraît tout à fait central et, notamment, la place de la langue française, avec ses règles et avec ses contraintes. Il faut aussi renforcer l'enseignement de la littérature et de l'histoire. J'ai entendu Éric Besson rappeler le rôle central de l'histoire. Dans le même temps, je m'inquiète du fait que, dans le concours du professorat des écoles, on veuille supprimer l'histoire comme discipline obligatoire. Il y a là quelque chose de contradictoire dans la politique du gouvernement.
De même, la diminution des postes au CAPES et à l'agrégation d'histoire, ou de littérature, me semble un mauvais signal. L'assimilation doit être aussi professionnelle. Or, il y a des discriminations à l'embauche, au logement, qui touchent certains jeunes issus de l'immigration africaine ou nord-africaine et qui sont contraires aux valeurs de la République, que celle-ci ne fait pas suffisamment respecter. On a là des éléments de troubles très forts. Enfin, il existe de véritables ghettos, à la fois sociaux et ethniques, que la République a laissés, à tort, s'ancrer dans son territoire.
   
N'est-il pas décalé de parler d'identité nationale alors qu'on cherche à impulser une identité européenne ? Est-ce contradictoire ?    
Qu'il y ait des fondements culturels communs dans les racines gréco-judéo-latino-chrétiennes de l'Europe : très bien. Mais il n'y a pas encore d'identité européenne. Peut-être que cela se fera. La nation est un produit historique, elle peut disparaître. L'Europe est un produit historique, elle peut se développer. Mais, pour l'instant, on n'en est pas là. Quant aux identités régionales, elles ne sont en rien incompatibles avec l'identité nationale. Justement, ce qui est intéressant avec l'identité française, c'est qu'elle ne s'oppose pas aux identités régionales, mais qu'elle les surplombe.

* Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? de Daniel Lefeuvre et Michel Renard, paru en octobre 2008, aux éditions Larousse dans la collection "À dire vrai".

source

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17 octobre 2009

Jean-François Copé : "La nation se fissure en silence"

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renouveler

le thème de l'identité nationale

Jean-François Copé


(...) le premier défi, celui qui sera le plus structurant, c'est la question de l'identité française. La nation se fissure en silence parce qu'il n'y a pas de discours sur l'identité. Ce thème, tel qu'il avait été traité en 2007, doit être profondément renouvelé et retravaillé.

Parce que le FN pourrait se le réapproprier ?
Il s'en est nourri, car, depuis vingt ou trente ans, nous avons commis collectivement l'erreur de ne pas expliquer ce que cela veut dire être français aujourd'hui. On a eu peur. On a nié l'évolution sociologique de notre population, sur le plan de sa composition, de ses origines, de ses pratiques religieuses, de ses modes de vie. Pendant ce temps, la société française a continué à bouger et à se développer sans repères.
La population issue de l'immigration de la seconde moitié du XXe siècle, qui en est maintenant à sa troisième génération, n'a toujours pas reçu les codes d'accès. Cela a conduit à un malentendu croissant au sein d'une population composée de gens qui sont tous français mais qui, parce qu'ils n'ont pas eu les repères nécessaires, ne se parlent pas, ne s'écoutent pas, ne se respectent pas. L'insuffisance du dialogue interreligieux en est un exemple.

Il existe depuis 2007 un ministère de l'intégration et de l'identité nationale. Il a échoué ?
C'est l'échec de trente années de politiques en ce domaine.

Comment réussir l'intégration ?
Il faut que l'on positive le fait d'être une population aussi diverse que l'est devenue la nôtre, qu'on le vive comme une chance. Que l'on arrête de vouloir faire croire à nos enfants que nos ancêtres étaient tous des Gaulois. Ce qui compte, c'est que chaque Français, quelles que soient sa date d'arrivée en France, son origine ou sa religion, a de la valeur et apporte ce qu'il a de mieux pour notre pays. Un exemple : au lycée, on peut choisir en option de très nombreuses langues, mais il est quasi impossible d'apprendre l'arabe, alors que cela pourrait être un fantastique atout économique. Résultat, ce sont des intégristes dans des caves qui s'en chargent.

Pourquoi réclamez-vous une loi sur le port de la burqa ?
La burqa, ce sont des intégristes qui veulent tester la République. Si on ne fait rien, on va laisser se banaliser un phénomène qui est contraire à nos principes. La réflexion sur l'identité française est indissociable de celle sur la place des femmes dans la société. Avec mes collègues députés, nous prendrons dans les semaines qui viennent des initiatives fortes sur ce sujet, notamment pour favoriser leur promotion dans le monde économique. Notre discours doit être adossé sur deux mots : humanité et rassemblement. Nicolas Sarkozy a une formule pour caractériser les Français : "Ils sont monarchistes et régicides." Il a raison, mais c'est une lecture de la société qui se réfère à 1793. Depuis, il y a eu des vagues d'immigration, et je ne suis pas sûr que 1793 reste pour les Français la référence. (...)

Le Monde, 17 octobre 2009

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commentaire

On approuvera le constat d'une nation qui se fissure, la défaillance (mais pas l'échec total, loin de là...) dans la remise aux immigrés des "codes d'accès", la nécessité d'inculquer des "repères nécessaires". Mais la phrase qui "positive le fait d'être une population aussi diverse" est ambiguë. Et semble inscrire en acquis ce qui était, plus haut, évoqué comme manque... La diversité n'est pas, en soi, positive. Cela dépend de la dynamique entre intégration/assimilation et diversité.

Michel Renard

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Des enfants dans les arbres, film de Bania Medjbar (2009)

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14 juillet 2009

1880 : première fête nationale du 14-juillet

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14 juillet 1880

première fête nationale du 14-juillet



Contexte historique

 

Instauration de la fête nationale

Devant le renforcement de la majorité républicaine aux élections de 1879, le royaliste Mac-Mahon, découragé, démissionne de la présidence de la République et est remplacé par un vieux républicain modéré, Jules Grévy (1807-1891). Désormais à toutes les commandes du pouvoir, les républicains prennent simultanément des mesures symboliques : transfert du siège des pouvoirs publics de Versailles (1871) à Paris (1879), amnistie accordée aux condamnés de la Commune (10 juillet 1880), adoption de La Marseillaise comme hymne national (1879) et du 14 juillet pour fête nationale (6 juillet 1880).

Cette première fête nationale se veut à la mesure de l’événement, à Paris comme en province, mais veille à ménager les opinions locales comme à Angers, dans le Maine-et-Loire, département catholique et conservateur[1]. Le vote pour la « République » a rassemblé les partisans de la liberté et de la laïcité qui veulent établir sans délai l’égalité par le suffrage universel et une véritable souveraineté populaire. Cependant la France de 1880 n’est ni unanime ni paisible, et les nouveaux gouvernants n’affichent pas ouvertement leur doctrine : l’heure n’est pas à la propagande, mais à l’opportunisme républicain.

Partout le programme de la fête adopte le même rituel : concerts dans les jardins, décoration de certaines places, illuminations, feux d’artifice et distributions de secours aux indigents. À Paris doit dominer la distribution des nouveaux drapeaux à l’armée, à Longchamp.

 


 

Analyse de l'image

 

Le 14 juillet 1880 à Paris

La lithographie anonyme publiée à Paris s’adresse à la clientèle populaire désireuse d’emporter un souvenir de la fête. Cet exemplaire est même enjolivé de pastilles d’argent rehaussant les initiales républicaines. Marianne (la République) qui préside à la cérémonie en arbore le drapeau tricolore et l’épée, mais son bonnet phrygien orné d’une cocarde tricolore constitue un signe plus frappant pour les contemporains. Cet attribut révolutionnaire de la Liberté encore officiellement interdit[2], même si la couronne de lauriers l’atténue quelque peu, révèle l’audace du courant radical et expressionniste qui porte alors la République dans la capitale. À Paris, l’opinion de la rue dépasse en hardiesse les hommes politiques : on expose la Marianne partout, sur les appuis de fenêtre, sur les marchés, et on l’y met avec son bonnet.

La remise des drapeaux à l’hippodrome de Longchamp a visiblement été imaginée sans connaître le déroulement de la fête grandiose qu’illustrera Édouard Detaille (1848-1912). La cérémonie se veut le symbole du renouveau de l’armée française au lendemain de la guerre de 1870. Les régiments reconstitués après la chute de la Commune avaient reçu un drapeau provisoire en 1871. Leur emblème définitif n’est choisi qu’au début de 1879, et c’est le 14 juillet 1880 qu’ils reçoivent du président de la République les emblèmes qui sont encore aujourd’hui ceux de l’armée française.

Dans cette lithographie, les chefs du gouvernement, Jules Grévy, président de la République, Léon Say (1826-1896), du Sénat, et Léon Gambetta (1838-1882), de la Chambre (en dehors du dais) accomplissent leur rôle de représentants de la nation sur un mode naïf qui reflète sans doute la conception populaire du pouvoir républicain : ni personnel, ni arbitraire, ni viager, ni héréditaire.

Entre les nuages du ciel et ceux des canons d’artillerie, la prise de la Bastille commémore une aurore. La date qui vient d’être choisie pour fête nationale correspond, dans tous les esprits, à l’événement fondateur de 1789 et non à la fête de la Fédération nationale du 14 juillet 1790, invoquée lors des débats au Sénat.

À gauche, le vaisseau la Loire, qui assure la liaison maritime avec la Nouvelle-Calédonie, ramène les Communards déportés. Le régime républicain accueille ces « absents », qui s’étaient considérés comme l’avant-garde de la République dix ans auparavant. Cette amnistie répond à l’action pressante menée par Victor Hugo au Sénat[3] et aux aspirations sociales du petit peuple de Paris : au-delà de l’égalité, l’esprit d’humanité et de fraternité imprègne le programme républicain.

Le 14 juillet 1880 à Angers

À Angers, la municipalité républicaine du maire Jules Guitton a fait voter un crédit exceptionnel dont aucun des 14-Juillet suivants n’égalera le montant jusqu’en 1914. L’affiche imprimée en couleur à cette occasion annonce largement les festivités placées sous l’égide de la République, sculptée en 1876 par Angelo Francia, dont la ville d’Angers a acquis un buste en plâtre en 1878[4]. Cette Marianne qui porte l’étoile au front et la couronne de laurier se démarque de tout symbole révolutionnaire provocant. Au centre, l’affiche prend tout de même soin de rappeler la réalité politique : « La République est le gouvernement légal du pays », associant à cette devise la mémoire de Thiers, l’ancien président républicain décédé en 1877. Elle met aussi en relief le progrès, symbolisé par le chemin de fer et le bateau à vapeur.

Des attractions nombreuses et diverses, identifiées au bas de l’affiche, sont proposées dans les entrelacements de feuilles de chêne et de laurier. En fait, ce programme reçoit quelques prudents aménagements. La revue militaire est supprimée, l’armée ne souhaitant pas être associée à la fête ; son approbation du régime n’est pas partout totale. Dans l’ensemble, la fête est accueillie fraîchement, à l’exception de la brillante fête vénitienne sur la Maine, qui remporte un grand succès.

 


 

 

Interprétation

 

Les deux visages de Marianne

La République s’implante dans le décor et dans les mentalités. La victoire politique déborde du domaine politico-institutionnel au domaine quotidien et aux représentations populaires et folkloriques. Mais on ne peut alors prévoir jusqu’à quel degré d’extension et, moins encore, pour combien de temps.

Après quatre-vingt dix ans de bouleversements, c’est bien au triomphe de la Révolution qu’on assiste mais il se fait sans apparition d’images officielles de la République ni du nouveau président Jules Grévy. L’image publiée à Paris exprime la symbolique spontanée de la masse du parti démocratique tandis que l’affiche d’Angers présente, sous l’égide du progrès et de la neutralité, le programme d’une municipalité républicaine qui ménage les divergences d’opinions.

La victoire républicaine que symbolise la Marianne adopte un visage différent selon les contextes : à Paris, sous le bonnet phrygien, c’est une Marianne “ de gauche ” dans laquelle les élites ne peuvent se reconnaître, tandis qu’à Angers, l’étoile et les lauriers ornent une Marianne “ de droite ”. Mais le contenu subversif du bonnet s’effacera bientôt, le transformant en emblème commun de la République.

Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS
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28 mai 2009

Faut-il jeter la nation aux orties ?

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Claude Monet, Rue Mon­tor­gueil, 1878.


faut-il jeter la nation aux orties ?

Anton WAGNER

Cette pein­ture impres­sion­niste de Monet con­vient par­fai­te­ment au sujet de ce billet qui, vous l’aurez com­pris à la lec­ture du titre, par­lera de la nation et de l’iden­tité natio­nale. Il sied bien plus que le tableau par­fai­te­ment con­tem­po­rain d’Édouard Manet, La Rue Mos­nier aux dra­peaux, qui porte sur le même évè­ne­ment : la clô­ture de l’expo­si­tion universelle orga­ni­sée par la France en 1878. On verra aisé­ment que ce tableau plus dépouillé et mélan­co­li­que que celui de Monet, n’est pas à même d’illus­trer l’idée centrale de ce billet.

L’idée natio­nale, aujourd’hui, est une ban­nière en berne. À tel point que dans de nombreux milieux intel­lec­tuels et asso­cia­tifs, il est devenu sus­pect de par­ler d’iden­tité natio­nale ; oser affir­mer l’exis­tence d’une pareille identité serait mar­cher sur les pavés escarpés du natio­na­lisme, de la xéno­pho­bie et du racisme vers l’enfer de la haine et de la guerre ; la nation serait l’anti-cham­bre iné­vi­ta­ble du natio­na­lisme mala­dif que l’on voit promu par tous les Le Pen de France…

C’est le cons­tat que dres­sent Daniel Lefeu­vre et Michel Renard dans un petit livre bien docu­menté, Faut-il avoir honte de l’iden­tité natio­nale ?, publié dans la col­lec­tion «À dire vrai» diri­gée par Jac­ques Mar­seille chez Larousse. Les deux auteurs scru­tent cette aversion pour la nation et la démon­tent point par point, mon­trant avec éclat que la fierté d’être Fran­çais n’est en rien un replie­ment sur soi, ni un mépris affi­ché des identités natio­na­les étran­gè­res.

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Prise de la Bastille, tableau de Jean-Pierre Houël (1735-1813)

Les deux auteurs refon­dent dans le temps l’iden­tité natio­nale. Loin d’être une inven­tion récente de la fin du XVIIIe s., du moins en France, l’iden­tité natio­nale plonge ses raci­nes dans le Moyen Âge. Un évè­ne­ment en particulier, la guerre de Cent Ans, mar­que clai­re­ment l’émer­gence d’une iden­tité fran­çaise qui se veut dis­tincte de l’Angle­terre et qui s’oppose au seul prin­cipe d’obéis­sance dynas­ti­que, qui aurait exigé la sou­mis­sion aux Anglais. Or, les éli­tes poli­ti­ques et socia­les du royaume, comme le peu­ple lui-même, rejet­tent très lar­ge­ment la domi­na­tion anglaise au motif d’une iden­tité com­mune bafouée par l’enva­his­seur.

Si, au moment de l’extinc­tion des Capé­tiens directs, les barons fran­çais écar­tè­rent la can­di­da­ture du roi d’Angle­terre, c’est parce qu’il était étran­ger ; durant l’occu­pa­tion anglaise, nom­breux les pay­sans qui pri­rent les armes pour lui résis­ter, si bien que 90% des exé­cu­tés par les Anglais furent des pay­sans de toute con­di­tion ; ceux qui collaboraient avec les Anglais furent dénon­cés comme des Fran­çais reniés, par oppo­si­tion aux bons Fran­çais qui, eux, leur résis­taient. La guerre de Cent Ans est donc l'avènement, dès les XIVe-XVe s., d’une cons­cience natio­nale en France que l’on aurait tort de croire vivante uni­que­ment dans les hau­tes sphè­res édu­quées et poli­ti­sées de la société.

Chose ancienne, l’iden­tité natio­nale n’est pas chose hon­teuse. Les auteurs relè­vent le piquant para­doxe que, sou­vent, ceux qui en France con­tes­tent l’iden­tité natio­nale le font au nom d’iden­ti­tés natio­na­les étran­gè­res. Ces iden­ti­tés natio­na­les-là cho­quent bien moins leur cons­cience, pour­quoi ce qui sem­ble natu­rel dans d’autres pays, en par­ti­cu­lier les ancien­nes colo­nies, serait-il inad­mis­si­ble en France ? C’est bien une cri­ti­que de la repen­tance qu’il faut faire ici, et qu’a déjà faite Daniel Lefeu­vre dans un autre ouvrage, Pour en finir avec la repen­tance colo­niale.

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Fête de la Fédération, 14 juillet 1790

En sui­vant pas à pas la cons­truc­tion de l’iden­tité natio­nale fran­çaise, en pas­sant par sa cris­tal­li­sa­tion durant la Révo­lu­tion de 1789, et jusqu’à la défi­ni­tion lumi­neuse don­née par Ernest Renan dans sa con­fé­rence à la Sorbonne en 1882, le livre mon­tre que cette cons­truc­tion n’a rien d’anti-huma­niste. Au con­traire même, l'identité natio­nale fran­çaise se cons­truit sur des valeurs uni­ver­sa­lis­tes, si bien que Mau­rice Agul­hon a pu écrire que la France est ce pays qui eut l’uni­ver­sel en son par­ti­cu­lier. En d’autres ter­mes, défen­dre cette iden­tité nationale, c’est défen­dre les valeurs huma­nis­tes et libé­ra­les de 1789 ; de quoi pour­rait-on avoir honte, en effet ? Les auteurs ont bien rai­son de rap­pe­ler que le patrio­tisme fut tout autant de gau­che que de droite, des gens si peu sus­pects d’extrémisme comme Vic­tor Hugo et Jean Jau­rès n’avaient pas honte de se dire Français.

Même un Paul Dérou­lède se défiait du mot «natio­na­lisme» et reje­tait, au sein de la Ligue des Patrio­tes qu’il avait fondé avec d’autres en 1882, et à laquelle avaient adhéré des per­son­na­li­tés d’hori­zons dif­fé­rents, toute réfé­rence à l’anti­sé­mi­tisme. Comme le mon­tre le livre, que ce soit en 1848 ou dans les années 1880, les patrio­tes répu­bli­cains ont tou­jours eu claire cons­cience de la limite à ne pas faire fran­chir au natio­na­lisme, le tem­pé­rant tou­jours par un uni­ver­sa­lisme qu’ils con­ce­vaient plus comme une con­ti­nuité de l’appar­te­nance natio­nale que comme une force anta­go­niste. Ils firent donc la démons­tra­tion que l’on peut faire l’expé­rience d’un patriotisme ouvert.

quand on réécrit Jaurès...

À pro­pos de Jean Jau­rès, Lefeu­vre et Renard relè­vent une erreur pour le moins cocasse d’un con­temp­teur de l’idée natio­nale. Blaise Wil­fert-Por­tal, dans un livre dénon­çant Sarkozy, Com­ment Nico­las Sar­kozy écrit l’his­toire de France, cite Jau­rès en ces ter­mes : «la nation porte la guerre en son sein comme la nuée porte l’orage.» Or, la cita­tion prêtée à l’illus­tre socia­liste est : «le capi­ta­lisme porte la guerre en son sein comme la nuée porte l’orage» ; la véri­ta­ble phrase, pro­non­cée en 1907 à l’Assem­blée natio­nale, étant, comme sou­vent avec les mots d’his­toire, un peu dif­fé­rente et plus lon­gue : «Tou­jours votre société vio­lente et chao­ti­que, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’appa­rent repos, porte en elle la guerre comme la nuée dor­mante porte l’orage.» Cette erreur en dit long sur l’état de con­fu­sion intel­lec­tuelle de ceux qui, contre toute évi­dence his­to­ri­que, ins­trui­sent un pro­cès à charge con­tre l’iden­tité nationale – la dénon­cia­tion de La Mar­seillaise comme chant raciste en est un autre exem­ple.

On objec­tera le natio­na­lisme de Bar­rès et de Maur­ras, ainsi que l’écla­te­ment de la Grande Guerre. Mais le livre fait litière de ces accu­sa­tions. La pous­sée natio­na­liste de la fin du XIXe s. se nour­rit plus des imper­fec­tions insti­tu­tion­nel­les de la IIIe Répu­bli­que que de l’iden­tité natio­nale.

Mau­rice Bar­rès fait pas­ser une foule de préoc­cu­pa­tions socia­les avant de s’inté­res­ser à la nation et de lui donner sa fameuse défi­ni­tion : la terre et les morts. Maur­ras, quant à lui, s’atta­que bien en pre­mier lieu à la Républi­que, pour lui pré­fé­rer la monar­chie ; c’est la haine de la Répu­bli­que qui nour­rit son natio­na­lisme xéno­phobe et anti­sé­mite, non pas la sim­ple iden­tité natio­nale fran­çaise – les auteurs auraient pu ajou­ter que tous les mem­bres de l’Action fran­çaise n’étaient pas anti­sé­mi­tes, comme Jac­ques Bain­ville.

Enfin, con­cer­nant l’écla­te­ment de la Grande Guerre, les auteurs rap­por­tent que les peuples, en 1914, ne désiraient pas la guerre. Sans doute la cons­cience natio­nale explique-t-elle l’accep­ta­tion déter­mi­née du con­flit, mais tout autant que l’impres­sion d’être injustement agressé par l’ennemi, sen­ti­ment assez extra­or­di­nai­rement res­senti par tous les peu­ples bel­li­gé­rants. Les auteurs sug­gè­rent aussi que si la France tint sur la Marne en 1914, alors qu’elle s’effon­drait en juin 1940, c’est grâce à une solide foi natio­nale qui fut per­due par la suite.

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14 juillet 1945, place de la Bastille

J’arrête ici le recen­sion de l’ouvrage, bien qu’il y ait beau­coup à dire encore. Je me pose beau­coup la ques­tion de la con­ci­lia­tion de mon libé­ra­lisme avec l’iden­tité natio­nale de mon pays.

J’acquiesce au livre de Lefeu­vre et Renard car il me sem­ble plus juste intel­lec­tuel­le­ment que les sour­des menées décons­truc­tri­ces des repen­tants. Je fré­mis aussi au modèle de société qu’ils veu­lent voir triom­pher : le mul­ti­cul­tu­ra­lisme ne m’ins­pire rien de bon. J’ai bien cons­cience, éga­le­ment, de l’impor­tance de l’idée natio­nale pour l’assi­mi­la­tion la plus par­faite des immi­grés. Mais faut-il aller plus loin ?

Être fier de son iden­tité fran­çaise ne fait pas d’une per­sonne un affreux xéno­phobe rempli de haine.

C’est sans ris­que exces­sif que l’appar­te­nance natio­nale peut être célé­brée comme une fête, c’est une lubie de l’esprit que de croire le con­traire. Pour ce qui me con­cerne toutefois, à titre stric­te­ment per­son­nel, je ne sais si je peux, en toute cohé­rence et dans quelle mesure, faire coha­bi­ter cette fierté natio­nale avec un libé­ra­lisme qui tend à confi­ner à l’anar­chisme.

Anton Wagner
25 avril 2009
source : carnetsliberaux.fr


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Claude Monet, Effets d'automne à Argenteuil, 1873

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26 mai 2009

endoctrinement ou civisme ?

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endoctrinement fasciste ou civisme

républicain ?


Réponse à "Marmach" (forum l'Express) qui, à propos du retour des symboles républicains, écrit : "C'est inquiétant, bientôt, on fera défiler les enfants au pas. On créera de nouveau chants patriotiques. et les fascistes applaudiront."

Identifier toute éducation aux valeurs d'une société à de l'endoctrinement totalitaire est un abus. Ou alors, il faut en tirer la conclusion, et professer un anarchisme intégral, une autogestion individuelle/communautaire des normes qui n'auront plus rien de sociales. Le résultat, ce sera la jungle et non la vie ensemble des citoyens d'une nation qui se reconnaissent un passé et qui se définissent un destin.

La confusion entre propagande fasciste et civisme républicain est insoutenable. Elle est née, on le sait bien, de la juste aversion pour les régimes de tyrannie (fascismes, soviétisme…) mais aussi des excès de l'individualisme démocratique apparus autour de 1968 et devenus aujourd'hui dominants dans la société en général (idéologie libérale-libertaire) comme à l'école (pédagogies non-directives) [1]. Mais, peut-on imaginer une société sans transmission institutionnelle des valeurs qui la fondent ?

Faire apprendre La Marseillaise à l'école ce n'est pas de la propagande, c'est enseigner l'origine de la démocratie contemporaine, c'est faire réfléchir aux conditions qui permettent aujourd'hui d'en garantir la perpétuation.

Michel Renard, professeur d'histoire,
co-auteur de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?
(Larousse, 2008)


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[1] Les récents programmes pour l'école primaire prescrivent le retour de l'instruction civique : "(les élèves) découvrent les principes de la morale, qui peuvent être présentés sous forme de maximes illustrées et expliquées par le maître au cours de la journée (telles que “La liberté de l’un s’arrête où commence celle d’autrui”, “Ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu’il me fasse”, etc.) et prennent conscience des notions de droit et de devoir."

Ce programme ne plaît pas
Ce programme ne plaît pas à ceux qui s'ingénient depuis trente ans à saper la légitimité de l'école qui transmettait des savoirs. Ainsi, un enseignant au lycée catholique Le Rebours à Paris, François Jarraud, reconverti dans l'animation informatique, n'est pas content : "Le retour de l'instruction civique c'est celui de la leçon de morale ou d'institutions. C'est revenir au catéchisme républicain,  à l'obéissance passive, aux formes extérieures du respect. Toutes choses qui sont bonnes sans doute. Mais sont-elles suffisantes ?". Eh bien, si déjà on pouvait s'assurer de cela, ce serait un sacré progrès !

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Jarraud s'entête : "L'instruction civique peut-elle former des citoyens ? Dans L'école est-elle encore le creuset de la démocratie ?, P. Perrenoud s'interroge sur la construction de la citoyenneté. «L'école ne saurait former à la démocratie et au pluralisme par des méthodes autoritaires et sectaires… Elle ne saurait avoir prise sur l'apprentissage de la citoyenneté si elle se borne à quelques cours plus ou moins convaincants sur les droits de l'Homme». C'est par l'apprentissage du débat que les élèves peuvent devenir des citoyens capables d'entrer dans la société moderne".

Que de vice dans ces raisonnements ! Oui, les méthodes "autoritaires et sectaires" ne sont pas de bonnes méthodes. Mais la parole d'autorité est une bonne parole. Surtout quand elle provient d'un adulte qu'une institution (l'université) a formé pour qu'il soit en mesure d'apprendre aux autres.

celui qui "met l'enfant debout"
En bon républicain, je ne vois pas de danger à l'inculcation des valeurs du civisme. Je dis bien "inculcation". C'est-à-dire délivrance d'un enseignement dont la valeur, aux yeus de l'élève, provient du statut de son auteur : l'instituteur, le professeur qui transmet un savoir accumulé et réfléchi par les générations antérieures, vérifié par ses pairs et ouvert à la critique publique le cas échéant. N'était-ce pas la mission de l'instituteur, celui qui "met l'enfant debout" ?

On répondra : "c'est par l'apprentissage du débat que les élèves peuvent devenir des citoyens…" Ah bon…! Et d'où vient la pertinence d'une tel énoncé ? De quoi débattre si, au préalable, on ne dispose pas de références, de connaissances…? Ce n'est plus un débat, c'est une foire d'empoigne féroce où s'affrontent les ego de gamins qui cherchent à crier plus fort que les autres. Et puis, tous n'ont pas envie de débattre... Et c'est leur droit. Les silencieux, les timides, les réservés... sont-il condamnés à ne pas être des citoyens parce qu'il ne leur dit rien de "débattre" dans une salle de classe...?

Un enseignant du primaire de la région de Toulouse, Alain Refalo, dit refuser d'appliquer les programmes qui "constituent une régression sans précédent", selon lui. La vérité, c'est qu'en partisan des pédagogies Freinet, "coopératives" et autres lubies, il ne supporte pas d'avoir à effectuer son métier. Un métier qui œuvre à "instituer l’humanité dans l’homme" comme l'écrivait François Mauriac.

Alain Refalo n'est pas un instituteur qui "résiste" et "refuse d'obéir" comme il s'auto-glorifie sans modestie. C'est tout simplement quelqu'un qui a honte de sa profession et de ses exigences, qui substitue la démagogie à la responsabilité, qui sacrifie les élèves sur l'autel de théories pédagogistes jamais soumises à confrontation ni au moindre bilan.

la négation de la culture
Alain Refalo écrit : "je refuse de m'inscrire dans la logique d'une «Instruction morale et civique» aux relents passéistes. C'est une insulte faite aux enseignants et aux élèves de penser que l'inscription d'une règle de morale au tableau, apprise par cœur par les élèves, fera changer un tant soit peu leur comportement ! Aujourd'hui, plus que jamais nous avons besoin de mettre en place dans nos classes des dispositifs qui offrent aux élèves la possibilité de se connaître, de se rencontrer, d'échanger, de se respecter. (…) La priorité aujourd'hui est d'apprendre aux élèves à se respecter, à réguler positivement les inévitables conflits du quotidien par la parole, la coopération, la médiation. Aujourd'hui, comme hier, en conscience, j'ai fait le choix d'une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble".

Voilà l'horizon de l'école réduit à l'intercommunication de quelques élèves, à l'échange de leur potentiel (?) et de leurs émotions…! Alain Refalo veut enfermer les élèves dans le ghetto de leurs affects respectifs alors que la mission de l'école est de les mettre en rapport avec la culture, avec les humanités en général, avec le patrimoine de savoirs et d'œuvres légué par la civilisation qui nous a précédés.

Les "inévitables conflits du quotidien" doivent d'abord être ordonnés par la Loi, par la règle que l'adulte impose et explique. Et non par cette espèce de psychothérapie déstructurante et inquiétante pour les jeunes élèves. Cette "éducation citoyenne", c'est tout simplement du vent, une énième resucée des pédagogies non-directives qui ont produit ces gamins inattentifs et incapables du moindre effort. La négation de la culture au profit d'un impérialisme de la psychologie et de la communication.

Michel Renard

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24 mai 2009

"entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège..."

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discours du transfert des cendres

de Jean Moulin

au Panthéon, 19 décembre 1964

André MALRAUX


"entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège..."

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Jean Moulin avant guerre

- voir la partie finale du discours d'André Malraux


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Monsieur le Président de la République,

Voilà donc plus de vingt ans que Jean Moulin partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d'un peuple de la nuit. Sans la cérémonie d'aujourd'hui, combien d'enfants de France sauraient son nom ? Il ne le retrouva lui-même que pour être tué ; et depuis, sont nés seize millions d'enfants...

Puissent les commémorations des deux guerres s'achever aujourd'hui par la résurrection du peuple d'ombres que cet homme anima, qu'il symbolise, et qu'il fait entrer ici comme une humble garde solennelle autour de son corps de mort. Après vingt ans, la Résistance est devenue un monde de limbes où la légende se mêle à l'organisation. Le sentiment profond, organique, millénaire, qui a pris depuis son action légendaire, voici comment je l'ai rencontré.

Dans un village de Corrèze, les Allemands avaient tué des combattants du maquis, et donné ordre au maire de les faire enterrer en secret, à l'aube. Il est d'usage, dans cette région, que chaque femme assiste aux obsèques de tout mort de son village en se tenant sur la tombe de sa propre famille. Nul ne connaissait ces morts, qui étaient des Alsaciens. Quand ils atteignirent le cimetière, portés par nos paysans sous la garde menaçante des mitraillettes allemandes, la nuit qui se retirait comme la mer laissa paraître les femmes noires de Corrèze, immobiles du haut en bas de la montagne, et attendant en silence, chacune sur la tombe des siens, l'ensevelissement des morts français. Ce sentiment qui appelle la légende sans lequel la résistance n'eut jamais existé et qui nous réunit aujourd'hui c'est peut-être simplement l'accent invincible de la fraternité.

Comment organiser cette fraternité pour en faire un combat ? On sait ce que Jean Moulin pensait de la Résistance, au moment où il partit pour Londres : «Il serait fou et criminel de ne pas utiliser, en cas d'action alliée sur le continent, ces troupes prêtes aux sacrifices les plus grands, éparses et anarchiques aujourd'hui, mais pouvant constituer demain une armée cohérente de parachutistes déjà en place, connaissant les lieux, ayant choisi leur adversaire et déterminé leur objectif».

C'était bien l'opinion du général De Gaulle. Néanmoins, lorsque, le 1er janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté en France, la Résistance n'était encore qu'un désordre de courage : une presse clandestine, une source d'informations, une conspiration pour rassembler ces troupes qui n'existaient pas encore. Or, ces informations étaient destinées à tel ou tel allié, ces troupes se lèveraient lorsque les Alliés débarqueraient. Certes, les résistants étaient des combattants fidèles aux Alliés. Mais ils voulaient cesser d'être des Français résistants, et devenir la Résistance française.

C'est pourquoi Jean Moulin est allé à Londres. Pas seulement parce que s'y trouvaient des combattants français (qui eussent pu n'être qu'une légion), pas seulement parce qu'une partie de l'empire avait rallié la France libre. S'il venait demander au général De Gaulle de l'argent et des armes, il venait aussi lui demander «une approbation morale, des liaisons fréquentes, rapides et sûres avec lui». Le Général assumait alors le Non du premier jour ; le maintien du combat, quel qu'en fût le lieu, quelle qu'en fût la forme ; enfin, le destin de la France.

La force des appels de juin [1940] tenait moins aux «forces immenses qui n'avaient pas encore donné», qu'à : "Il faut que la France soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur." La France, et non telle légion de combattants français. C'était par la France libre que les résistants de Bir Hakeim se conjuguaient, formaient une France combattante restée au combat. Chaque groupe de résistants pouvait se légitimer par l'allié qui l'armait et le soutenait, voire par son seul courage ; le général de Gaulle seul pouvait appeler les mouvements de Résistance à l'union entre eux et avec tous les autres combats, car c'était à travers lui seul que la France livrait un seul combat.

C'est pourquoi - même lorsque le président Roosevelt croira assister à une rivalité de généraux ou de partis - l'armée d'Afrique, depuis la Provence jusqu'aux Vosges, combattra au nom du gaullisme comme feront les troupes du Parti communiste. C'est pourquoi Jean Moulin avait emporté, dans le double fond d'une boîte d'allumettes, la microphoto du très simple ordre suivant : «M. Moulin a pour mission de réaliser, dans la zone non directement occupée de la métropole, l'unité d'action de tous les éléments qui résistent à l'ennemi et à ses collaborateurs». Inépuisablement, il montre aux chefs des groupements le danger qu'entraînerait le déchirement de la Résistance entre des tuteurs différents. Chaque événement capital - entrée en guerre de la Russie, puis des États-Unis, débarquement en Afrique du Nord - renforce sa position.

À partir du débarquement, il devient évident que la France va redevenir un théâtre d'opérations. Mais la presse clandestine, les renseignements (même enrichis par l'action du noyautage des administrations publiques) sont à l'échelle de l'Occupation, non de la guerre. Si la Résistance sait qu'elle ne délivrera pas la France sans les Alliés, elle n'ignore plus l'aide militaire que son unité pourrait leur apporter. Elle a peu à peu appris que s'il est relativement facile de faire sauter un pont, il n'est pas moins facile de le réparer ; alors que s'il est facile à la Résistance de faire sauter deux cents ponts, il est difficile aux Allemands de les réparer à la fois. En un mot, elle sait qu'une aide efficace aux armées de débarquement est inséparable d'un plan d'ensemble. Il faut que sur toutes les routes, sur toutes les voies ferrées de France, les combattants clandestins désorganisent méthodiquement la concentration des divisions cuirassées allemandes. Et un tel plan d'ensemble ne peut être conçu, et exécuté, que par l'unité de la Résistance.

C'est à quoi Jean Moulin s'emploie jour après jour, peine après peine, un mouvement de Résistants après l'autre : «Et maintenant, essayons de calmer les colères d'en face...» Il y a, inévitablement, les problèmes de personnes ; et bien davantage, la misère de la France combattante, l'exaspérante certitude pour chaque maquis ou chaque groupe franc, d'être spolié au bénéfice d'un autre maquis ou d'un autre groupe, qu'indignent, au même moment, les mêmes illusions... Qui donc sait encore ce qu'il fallut d'acharnement pour parler le même langage à des instituteurs radicaux ou réactionnaires, des officiers réactionnaires ou libéraux, des trotskistes ou communistes retour de Moscou, tous promis à la même délivrance ou à la même prison ; ce qu'il fallut de rigueur à un ami de la République espagnole, à un ancien "préfet radical", chassé par Vichy, pour exiger d'accueillir dans le combat commun tels rescapés de la Cagoule !

Jean Moulin n'a nul besoin d'une gloire usurpée : ce n'est pas lui qui a créé Combat, Libération, Franc-tireur, c'est Frenay, d'Astier, Jean-Pierre Lévy. Ce n'est pas lui qui a créé les nombreux mouvements de la zone Nord dont l'histoire recueillera tous les noms. Ce n'est pas lui qui a fait les régiments mais c'est lui qui a fait l'armée. Il a été le Carnot de la Résistance.

Attribuer peu d'importance aux opinions dites politiques, lorsque la nation est en péril de mort - la nation, non pas un nationalisme alors écrasé sous les chars hitlériens, mais la donnée invincible et mystérieuse qui allait emplir le siècle ; penser qu'elle dominerait bientôt les doctrines totalitaires dont retentissait l'Europe ; voir dans l'unité de la Résistance le moyen capital du combat pour l'unité de la nation, c'était peut-être affirmer ce qu'on a, depuis, appelé le gaullisme. C'était certainement proclamer la survie de la France.

En février, ce laïc passionné avait établi sa liaison par radio avec Londres, dans le grenier d'un presbytère. En avril, le Service d'information et de propagande, puis le Comité général d'études étaient formés ; en septembre, le noyautage des administrations publiques. Enfin, le général de Gaulle décidait la création d'un Comité de coordination que présiderait Jean Moulin, assisté du chef de l'Armée secrète unifiée. La préhistoire avait pris fin. Coordonnateur de la Résistance en zone Sud, Jean Moulin en devenait le chef.

En janvier 1943, le Comité directeur des Mouvements unis de la Résistance (ce que, jusqu'à la Libération, nous appellerions les Murs) était créé sous sa présidence. En février, il repartait pour Londres avec le général Delestraint, chef de l'Armée secrète, et Jacques Dalsace. De ce séjour, le témoignage le plus émouvant a été donné par le colonel Passy. «Je revois Moulin, blême, saisi par l'émotion qui nous étreignait tous, se tenant à quelques pas devant le Général et celui-ci disant, presque à voix basse : “Mettez-vous au garde-à-vous”, puis : “Nous vous reconnaissons comme notre compagnon, pour la libération de la France, dans l'honneur et par la victoire”. Et pendant que de Gaulle lui donnait l'accolade, une larme, lourde de reconnaissance, de fierté, et de farouche volonté, coulait doucement le long de la joue pâle de notre camarade Moulin. Comme il avait la tête levée, nous pouvions voir encore, au travers de sa gorge, les traces du coup de rasoir qu'il s'était donné, en 40, pour éviter de céder sous les tortures de l'ennemi». Les tortures de l'ennemi... En mars, chargé de constituer et de présider le Conseil national de la Résistance, Jean Moulin monte dans l'avion qui va le parachuter au nord de Roanne.

Ce Conseil national de la Résistance, qui groupe les mouvements, les partis et les syndicats de toute la France, c'est l'unité précairement conquise, mais aussi la certitude qu'au jour du débarquement, l'armée en haillons de la Résistance attendra les divisions blindées de la Libération.

Jean Moulin en retrouve les membres, qu'il rassemblera si difficilement. Il retrouve aussi une Résistance tragiquement transformée. Celle là, elle avait combattu comme une armée, en face de la victoire, de la mort ou de la captivité. Elle commence à découvrir l'univers concentrationnaire, la certitude de la torture. Désormais elle va combattre en face de l'enfer. Ayant reçu un rapport sur les camps de concentration, il dit : «J'espère qu'ils nous fusillerons avant». Ils ne devaient pas avoir besoin de le fusiller.

La Résistance grandit, les réfractaires du travail obligatoire vont bientôt emplir nos maquis ; la Gestapo grandit aussi, la Milice est partout. C'est le temps où, dans la campagne, nous interrogeons les aboiements des chiens au fond de la nuit ; le temps où les parachutes multicolores, chargés d'armes et de cigarettes, tombent du ciel dans la lueur des feux des clairières ou des causses ; c'est le temps des caves, et de ces cris désespérés que poussent les torturés avec des voix d'enfants... La grande lutte des ténèbres a commencé.

Le 27 mai 1943, a lieu à Paris, rue du Four, la première réunion du CNR.

Jean Moulin rappelle les buts de la France libre : «Faire la guerre ; rendre la parole au peuple français ; rétablir les libertés républicaines ; travailler avec les Alliés à l'établissement d'une collaboration internationale».

Puis il donne lecture d'un message du général De Gaulle, qui fixe pour premier but au premier Conseil de la Résistance, le maintien de l'unité de cette Résistance qu'il représente.

Au péril quotidien de la vie de chacun de ses membres. Le 9 juin, le général Delestraint, chef de l'Armée secrète enfin unifiée, est pris à Paris.

Aucun successeur ne s'impose. Ce qui est fréquent dans la clandestinité : Jean Moulin aura dit maintes fois avant l'arrivée de Serreules : «Si j'étais pris, je n'aurais pas même eu le temps de mettre un adjoint au courant...» Il veut donc désigner ce successeur avec l'accord des mouvements, notamment de ceux de la zone Sud. Il rencontrera leurs délégués le 21, à Caluire.

Ils l'y attendent, en effet.

La Gestapo aussi.

La trahison joue son rôle - et le destin, qui veut qu'aux trois quarts d'heure de retard de Jean Moulin, presque toujours ponctuel, corresponde un long retard de la police allemande. Assez vite, celle-ci apprend qu'elle tient le chef de la Résistance.

En vain. Le jour où, au fort Montluc à Lyon, après l'avoir fait torturer, l'agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu'il ne peut plus parler, Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau. Pour la terrible suite, écoutons seulement les mots si simples de sa sœur : «Son rôle est joué, et son calvaire commence. Bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous».

Comprenons bien que, pendant les quelques jours où il pourrait encore parler ou écrire, le destin de la Résistance est suspendu au courage de cet homme. Comme le dit Mademoiselle Moulin, il savait tout.

Georges Bidault prendra sa succession. Mais voici la victoire de ce silence atrocement payé : le destin bascule. Chef de la Résistance martyrisé dans des caves hideuses, regarde de tes yeux disparus toutes ces femmes noires qui veillent nos compagnons : elles portent le deuil de la France, et le tien. Regarde glisser sous les chênes nains du Quercy, avec un drapeau fait de mousselines nouées, les maquis que la Gestapo ne trouvera jamais parce qu'elle ne croit qu'aux grands arbres. Regarde le prisonnier qui entre dans une villa luxueuse et se demande pourquoi on lui donne une salle de bains - il n'a pas encore entendu parler de la baignoire. Pauvre roi supplicié des ombres, regarde ton peuple d'ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures.

[Voici le fracas des chars allemands qui remontent vers la Normandie à travers les longues plaintes des bestiaux réveillés : grâce à toi, les chars n'arriveront pas à temps. Et quand la trouée des Alliés commence, regarde, préfet, surgir dans toutes les villes de France les commissaires de la République - sauf lorsqu'on les a tués. Tu as envié, comme nous, les clochards épiques de Leclerc : regarde, combattant, tes clochards sortir à quatre pattes de leurs maquis de chênes, et arrêter avec leurs mains paysannes formées aux bazookas l'une des premières divisions cuirassées de l'empire hitlérien, la division Das Reich.]

Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit... Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais : «Écoute ce soir, jeunesse de mon pays, ces cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu, cette fois, les entendre : elles vont sonner pour toi».

L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg.

Écoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France...

André Malraux

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dernière page du discours de Malraux

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 à Béziers

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 Jean Moulin, étudiant

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 Jean Moulin (1899-1943)

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la villa à Calluire, lieu de l'arrestation le 21 juin 1943



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21 mai 2009

Décriminaliser l'identité nationale (Mathieu Bock-Côté)

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Décriminaliser l'identité nationale

Mathieu BOCK-CÔTÉ (Québec)

La question du voile ferait resurgir le «vieux fond xénophobe» des Québécois. C'est ainsi que Michèle Ouimet a réagi au débat très vif qui a suivi la récente prise de position de la Fédération des femmes du Québec sur la question.

Cette formule, aussi banale que virulente, est symptomatique du préjugé médiatique contre l'identité nationale, qui assimile systématiquement la critique du multiculturalisme à une manifestation de xénophobie, voire, de racisme.

S'il ne s'agissait que d'une déclaration un peu gauche et malheureuse, il n'y aurait nul besoin de s'y attarder. Mais tel n'est justement pas le cas tant cette formule est révélatrice de la rupture entre certaines élites et les classes moyenne et populaire autour de la question de l'identité nationale.

Au sommet de notre société, et surtout dans les milieux qui se disent évolués, le multiculturalisme a la valeur d'un dogme, d'une évidence. Au nom de la diversité, on célèbre un Québec pluriel où l'héritage historique majoritaire n'en serait plus qu'un parmi d'autres dans une nouvelle synthèse identitaire s'accomplissant dans les chartes de droits et l'universalisme progressiste qu'elles incarneraient.

Cette vision s'accompagne d'un rapport pénitentiel à l'histoire occidentale, et par là, de l'histoire québécoise. Jusqu'aux années 60, cette histoire aurait été traversée par le démon de l'intolérance, du refus de l'autre - de là le vieux fond xénophobe qu'il faudrait liquider. Mais le multiculturalisme, à la manière d'un génie rédempteur, réaffirmerait la promesse égalitaire des sociétés modernes et devrait pour cela être assimilé à une dynamique émancipatrice.

C'est à partir de cette sensibilité que l'intelligentsia se permet de disqualifier moralement ceux qui ne célèbrent pas l'avènement du multiculturalisme d'État. On l'a vu avec la controverse des accommodements raisonnables, l'immense majorité de la population entretient un rapport critique envers le multiculturalisme et souhaite une restauration de l'identité nationale comme norme d'intégration pour les nouveaux arrivants.

De ce point de vue, le Québec n'est pas une page blanche et l'intégration des immigrants à l'identité nationale relève moins des chartes de droits que de l'adhésion à une communauté de mémoire et de culture. De ce point de vue, surtout, tous les symboles religieux ne sont pas équivalents dans l'ordre symbolique et la conjugaison d'une certaine laïcité avec la défense du patrimoine historique du Québec ne doit pas être perçue comme une mesure discriminatoire envers les communautés culturelles.

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La tension entre le multiculturalisme des élites et le nationalisme de sens commun des classes moyenne et populaire est constitutive de l'espace politique des sociétés contemporaines. Devant cette réalité, les élites ont deux choix. Elles peuvent reconnaître la distance exagérée de leur sensibilité idéologique avec celle de la société qu'elles prétendent éclairer et se questionner sur leurs préjugés contre l'identité nationale.

Elles peuvent aussi assimiler la persistance du sentiment national à une pathologie identitaire et en appeler, à grand renfort de politiques de «lutte au racisme» et «d'éducation à la différence», à la reconstruction multiculturelle de l'identité collective pour l'évider de son particularisme historique. C'est évidemment ce second choix qui est privilégié de manière systématique.

L'espace public québécois est enfermé dans le dispositif du politiquement correct, qui traduit systématiquement le malaise populaire devant l'enthousiasme hypermoderne des élites dans le langage de l'intolérance. Il serait temps d'assainir le langage politique pour que cesse la criminalisation de l'identité nationale. Ceux qui se réclament du multiculturalisme permettraient ainsi un débat raisonnable sur la question qui n'est quand même pas vaine ni illégitime de la perpétuation de l'identité nationale sans crier toujours à la xénophobie ou au racisme.

Mathieu Bock-Côté (Québec)
source (21 mai 2009)

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- l'auteur est candidat au doctorat en sociologie à l'UQAM (université du Québec à Montréal), auteur de La dénationalisation tranquille, éd. Boréal (Québec), 2007.






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avec la victoire électorale du Parti Québecois, la devise du Québec, "Je me souviens",
figure sur les plaques d'immatriculation depuis 1978

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