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17 février 2009

réponse à Emmanuel Raveline

NoelNicolasCoypelEnlevementEurope
Noël-Nicolas Coypel, L'enlèvement d'Europe
, 1726


identité nationale et Europe

réponse à Emmanuel Raveline



J'avais posté, en forme de commentaire
, sur le blog d'Emmanuel Raveline (Big Blogger), ma réponse à Thomas Wieder au sujet d'un musée de l'histoire de France. Emmanuel Raveline a répondu à ce texte, ce dont je le remercie. Je lui réponds à mon tour.
Boull_e_entr_e_d_un_cimeti_re







1) politique sociale en Europe ?

Emmanuel Raveline (ER) me reproche de douter de l'existence d'une politique sociale en Europe et renvoie à la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Or, ce texte proclamé le 7 décembre 2000 par le Parlement, le Conseil et la Commission ne fait qu'énoncer des principes. Il n'instaure pas une politique. Sur ce point, ER, comme beaucoup en matière d'européolâtrie, prend le mot pour la chose. Deux éclairages sur la politique sociale de l'Union européenne.

a) Le 25 avril 2006, au congrès de la CGT, John Monks, secrétaire général de la Confédération Européenne des john_monks36o_4Syndicats fit le récit suivant :
«Chers camarades, lorsque je suis passé de la TUC à la CES, j’ai effectué des visites de courtoisie à Bruxelles. J’ai notamment rendu visite à un haut responsable irlandais de la Commission européenne que je connais depuis 10 ans. Il m’a félicité en ces termes – "Vous arrivez 10 ans trop tard. Delors est parti depuis longtemps. L’Europe sociale s’est arrêtée. Toute notre attention est portée sur la promotion de la croissance économique. Vous n’arriverez à rien de plus. Vous pourrez seulement maintenir l’acquis de vos prédécesseurs. Pourquoi n’êtes-vous pas resté à Londres ?". Et bien, ce fut un conseil dur et brutal. Mais cela était une impression juste et souvent lucide de mon expérience de ces dernières années - pas seulement au niveau européen, mais aussi au niveau national où les pressions tendent vers une Europe moins sociale, une France moins sociale, une Allemagne moins sociale etc.»

b) La Charte, dans son chapitre IV "Solidarité", ne dit pas un mot du chômage ni des mesures de protection contre celui-ci. La "solidarité", dans sa version Union européenne, ignore les travailleurs sans emploi.
Florence_LefresneQuestionnée il y a quelques jours sur les systèmes d'indemnisation du chômage en Europe, Florence Lefresne, économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), explique : «Les disparités nationales restent sensibles. Pour autant, on assiste bien à des évolutions communes. Le durcissement des critères d’éligibilité, la réduction des montants et des durées d’indemnisation, le renforcement des contrôles, et enfin la redéfinition de l’"emploi convenable", décrivent des évolutions partagées au sein de l’Union européenne et au-delà. Le diagnostic d’un rétrécissement du champ de l’assurance-chômage au profit de logiques d’assistance subordonnée à la reprise de petits boulots est commun à presque tous les pays.» (Challenges.fr, 3 février 2009). Bravo…


2) La question de la langue dans l'identité nationale
Emmanuel Raveline écrit : «Surtout, le caractère extraordinairement péremptoire de la phrase : "la base de l’identité étant la langue" laisse pantois. Voici bien, je crois, les excès d’une idéalisation de "l’âme de la France" !»

Ma formule "la base de l’identité étant la langue" était, certes, rapide. Mais ER aurait dû écrire au lieu de Rapport_abb__Gr_goire«…laisse pantois» : «…laisse patois»…! L'identité linguistique de la France (plurielle, je le sais, puisque 75 langues sont utilisées en métropole et en outre-mer) est en effet le fruit d'une longue histoire qui connut au moins deux affrontements majeurs :

a) avec le latin en 1539 (édit de Villers-Cotterêts qui rend la langue française obligatoire dans les procédures et décisions de justice) et en 1635 (avec la création de l'Académie française par Richelieu afin de veiller au bon usage de la langue) ;
b) avec les patois au moment de la Révolution française : «Aujourd'hui que nous ne sommes plus ni Rouergas, ni Bourguignons etc., et que nous sommes tous Français, nous ne devons avoir qu'une même langue comme nous n'avons qu'un seul coeur» (réponse à l'abbé Grégoire).

Que le rapport d'intimité entre l'identité et la langue ne soit pas le même dans d'autres nations européennes ne saurait invalider la force de cette corrélation dans le cas français.

La Suisse connaît un regain d'expression patriotique dans lequel les valeurs nées du pacte de 1291 sont plus importantes que l'usage linguistique évidemment puisqu'on y parle trois langues différentes. La Belgique est en proie à une crise d'unité nationale avec la confrontation de l'identité flamande et Espagnede l'identité wallonne, le sentiment national n'ayant jamais pu se définir par l'usage d'une langue vu le pluralisme linguistique. Quant à l'Espagne, c'est une nation multinationale. La constitution reconnaît les autonomies des différentes nations à commencer par la Catalogne à l'identité très forte et dans laquelle le catalan est aujourd'hui la langue dominante du système scolaire. L'identité catalane s'affirme dans une rivalité avec l'identité nationale espagnole.

Dans ces trois pays, il est clair que l'absence de tropisme linguistique affaiblit la conscience identitaire nationale, voire en a entrepris le démantèlement (Belgique).



3) une langue commune en Europe ?

Emmanuel Raveline écrit : «Que les Européens ne parlent qu’une langue, grand dieu !, ce serait effectivement terrible. Qu’ils aient, indépendamment de leur langue nationale, une langue commune, on peut - et si on est europhile, on devrait ! - le souhaiter».

Que d'exaltation ingénue…! Souhaiter une langue commune… Mais quelle langue commune ? Une langue ne saurait surgir d'un sentiment europhile. Le bilinguisme, aux dires des spécialistes, affecterait la moitié de la population du monde. Dans la plupart des cas, cependant, il s'agit d'un bilinguisme déséquilibré et causé par des facteurs souvent non désirés tels que les migrations. En Europe occidentale, la règle a plutôt été le logo_globish4monolinguisme. Quelle langue commune pourrait donc faire l'affaire…? Ne parlons pas de l'esperanto, ce n'est pas une langue : une langue se définit, en effet, par un vocabulaire, une grammaire, une syntaxe et par une littérature. Ne parlons pas non plus du globish dont les 1500 mots ne produisent qu'une terminologie de l'inculture.

On voit mal quelle langue seconde pourrait faire l'objet a) d'un choix largement majoritaire dans les actuels 27 États de l'Union européenne (sauf par les usagers de la langue qui serait élue, évidemment), et b) d'un apprentissage dont l'ampleur permettrait à tous les citoyens de l'Union de s'inter-comprendre vraiment, d'avancer vers la reconnaissance des éléments d'une culture commune.

On dira que l'anglais a déjà conquis la position de langue seconde des citoyens des États européens. C'est faux. Le Rapport d’enquête sur la connaissance de l’anglais en Europe (1989) a montré que seuls 6% de la population accèdent à la compréhension de l'anglais. Il n'y a pas d'interlangue européenne.

La pluralité linguistique est liée à des histoires culturelles qui ne peuvent se substituer les unes aux autres sauf à se tuer les unes les autres. Il faut respecter et pérenniser la diversité ou bien tabler sur un effondrement des identités culturelles du Vieux continent au terme duquel s'imposerait aux survivants déculturés et aphasiques un quelconque europish qui serait aux riches langues de culture de l'Europe ce que le globish est à l'anglais de Shakespeare.


carte_possessions_Charles_Quint_en_Europe


4) une histoire commune en Europe ?
Emmanuel Raveline écrit : «L’histoire des pays en Europe depuis la CECA jusqu’à aujourd’hui est une histoire qui rapproche plus que jamais les peuples européens.
Il est intéressant que les exemples donnés par M. Renard soient uniquement liés à des conflits militaires : la Guerre de Cent Ans, les conflits avec les Habsbourg, les guerres révolutionnaires et napoléoniennes».

a) Je ne vois pas que l'Union européenne ait rapproché les peuples de l'Europe. Aucun enthousiasme populaire berlinn'a jamais accompagné les différentes étapes institutionnelles de la CECA jusqu'à l'Euro. Rien de comparable à l'unification italienne au XIXe siècle, par exemple ; ni à la chute du Mur de Berlin en 1989. Aucun mouvement populaire n'a jamais été suscité par ce processus qui reste un mécanisme par en-haut. Il n'y a pas de fraternité européenne.

b) une histoire commune impliquerait que le sens des événements du passé soit partagé. Pour l'essentiel, il n'en est rien. C'est bien pourquoi, l'évaluation des guerres et des affrontements reste un indice lourd pour comprendre l'évolution différenciée des peuples et États en Europe. Mais ce ne sont pas les seuls facteurs historiques continentaux, bien sûr ; il faut compter avec la féodalité, avec le christianisme, avec la Renaissance, avec les Lumières, avec le capitalisme et l'industrialisation, avec la conquête démocratique, avec la suprématie européenne sur le monde pendant cinq siècles…

5) un idéal européen ?
Emmanuel Raveline écrit : «Qu’est-ce que l’idéal européen ? C’est une question très compliquée, j’en conviens. Mais je crois qu’un résumé qui éviterait d’être trop cavalier pourrait être le suivant : la recherche des modalités d’une histoire commune hors de la violence. Quel est le génie de cet idéal ? Le choix de l’histoire longue, contre la foi en l’instant, l’immédiateté, le pouvoir de la «journée». De même que la représentation est en politique une dilatation de la volonté et de l’action, donc en partie une dilatation du temps, de même la construction européenne repose sur une même dilatation du temps, ainsi que je le disais dans un autre billet. Cette dilatation que notre histoire nationale a beaucoup de mal à accepter... c'est l'histoire elle-même».

a) On peut rêver à une «histoire commune hors de la violence» comme au Moyen Âge Pierreon rêvait à un ordre chrétien universel. Est-on sûr d'éviter les Croisades ? En attendant, le conventionnalisme par lequel l'Union européenne s'est édifiée reste purement économique. Il n'y a guère d'idéal là-dedans. ER évoquait plus haut «les excès d’une idéalisation de l’âme de la France». Je crois qu'il s'installe dans un excès d'idéalisation de l'âme de l'Europe.

b) Mais son propos n'est pas clair : on ne sait s'il parle d'une histoire à venir (comme lui, on la souhaite hors de la violence) ou d'un discours historique ne retenant du passé que le non violent… ; il ne s'agirait plus alors de «dilatation du temps» mais d'altération du temps historique.

Michel Renard

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1 février 2009

«La nation n'est pas périmée»

200902010602_zoom
                                                                                                                source


Chevènement :

«La nation n'est pas périmée»


Entre l'Union européenne, la mondialisation économique et la décentralisation au profit des régions, la nation est-elle un espace politique périmé ?

C'est à cette question que le Groupe de recherche, d'éducation et de prospective (GREP) Midi-Pyrénées a invité à répondre Jean-Pierre Chevènement, hier à l'École supérieure de commerce. En version courte, le président du Mouvement républicain et citoyen répond non.

Il en prend d'ailleurs pour preuve les réponses nationales à la crise financière que nous traversons. Certes chaotiques, certes tâtonnants, les plans d'urgence ou de relance présentés par les nations le démontrent. Les États-Unis et ses 600 milliards, la Chine et ses 400 milliards, le Japon et ses 200 milliards… «Seul l'État nation apparaît légitime pour annoncer des chiffres aussi mirobolants», constate Jean-Pierre Chevènement. La France et ses 26 milliards ? «Ce n'est pas beaucoup mais c'est une somme dont on ne savait pas qu'elle existait puisque les caisses étaient vides», ironise l'ancien ministre.

Quoi qu'il en soit, en écartant le nationalisme, «maladie de la nation», et une définition ethnique de la nation où l'on manipule «la matière explosive de l'identité» ; en écartant l'idée d'une nation européenne «pas d'actualité», qu'elle repose sur l'idéologie post-nationale très allemande ou l'utopie développée par Dominique Strauss-Kahn ; en constatant la «désuétude du mythe fédéraliste», les nations ont de beaux jours devant elles.

Car, rappelle le président du MDC, elles sont «le lieu de la démocratie, de la solidarité, du sentiment d'appartenance». À la vérité, il affirme qu'envisager l'obsolescence de la nation ne serait qu'un «problème existentiel européen». Ailleurs, aux États-Unis, en Chine ou en Inde, il ne se pose pas.

source : la Dépêche de Toulouse (1er février 2009)


France_prot_ge_le_drapeau_Petit_Journal
la France protège le drapeau national contre
l'antipatriotisme, 3 octobre 1909
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

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24 janvier 2009

réponse à Thomas Wieder sur le musée de l'histoire de France

24tiersetat




bons et mauvais arguments

sur le musée de l'histoire de France

Michel RENARD

 

 

img_auteur_2109Thomas Wieder, jeune historien et collaborateur au Monde des Livres, publie un article intitulé "Nicolas Sarkozy, professeur d'histoire" (23-janvier 2009). Il s'attaque au projet annoncé par le président de la République de créer un musée de l'histoire de France.

"Sur le fond, M. Sarkozy s'en est tenu à quelques axiomes - écrit Thomas Wieder. Ce musée, a-t-il précisé, aura vocation à "questionner notre histoire de France dans son ensemble". Insistant sur sa "cohérence", le chef de l'État a souhaité que celle-ci ne soit plus abordée "par petits bouts", à travers ses "pages glorieuses" ou ses "pages un peu plus délicates", mais comme "un tout"..." On ne voit là rien à dire contre les propos du président de la République.


pau_5_95DE12421

Henri IV rencontrant Sully blessé après la bataille
d'Ivry en mars 1590
, peinture de François-André Vincent, 1783,
Musée national du château de Pau

Mais puisque la politique consiste, apparemment, à rester "fidèle à son camp" au prix même de l'hypocrite critique de son adversaire (car envisager la création, en France, d'un musée de l'histoire de France, quoi de vraiment répréhensible...!?), Thomas Wieder mobilise quelques arguments jésuitiques. Réponse.


chaque apparition du roi lors d'une campagne militaire

faisait vibrer les foules (Joël Cornette)

1) Au sujet du "type d'histoire qui y sera professée", Thomas Wieder écrit : "Symboles du passé militaire et monarchique de la nation, bien plus que de son identité républicaine, ces lieux [Versailles, les Invalides...] sont aussi hantés par les mânes de "grands hommes" - Louis XIV, Napoléon, de Gaulle - dont le souvenir est lié à quelques idées-forces : l'autorité, la centralisation et la guerre. Cette vision du passé national, volontiers martiale et résolument impénitente, laisse la plupart des historiens perplexes". (Thomas Wieder)

réponse - Pourquoi le passé militaire et monarchique de la nation devrait-il être rabaissé au profit de l'identité républicaine ? Les deux sont aux racines de notre être français. Martial ? Et alors ? La guerre est le père de tout (polemos pater pantôn), disait Héraclite. Comment comprendre les grands siècles de l'influence française sans le lien entre la guerre et la "plus grande puissance de commander", c'est-à-dire l'État, c'est-à-dire la France ? La guerre est intimement liée à l'histoire nationale. Il n'est pas un historien sérieux pour ergoter là-dessus.
Il suffit de lire l'ouvrage de Joël Cornette : la guerre "est tout à la fois un facteur d'explication et de compréhension de la construction et du fonctionnement de l'État, et plus particulièrement encore, dans une Europe à majorité monarchique, de l'autorité souveraine" (Le roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle, éd. 2000, Payot, p. 13).
Les affinités entre la guerre et la nation sont évoquées en ces termes (martiaux ?) par Louis_xiv_MaastrichtJoël Cornette : "pour comprendre l'adhésion à la figure d'un prince guerrier et vainqueur, cristallisant le désir de gloire d'une collectivité vibrant avec une sincérité non feinte aux nouvelles des victoires, ou compatissant aux malheurs du roi, nous ne pouvons exclure la force d'une attente et d'une demande populaire largement partagées, identifiant la royauté à une conscience patriotique, comme ce fut déjà le cas bien plus tôt, à l'époque de Jeanne d'Arc. (...) tous les témoignages concordent : chaque apparition du roi lors d'une campagne militaire faisait vibrer les foules, massées sur son passage. La représentation du roi de guerre fait bien partie de l'imaginaire glorieux de la monarchie, au même titre que l'image du roi fécond qui apporte la nourriture à ses sujets" (p. 281-282).

la langue que je parle n'a pas été créée par la République

Autorité, centralisation, guerre... la question n'est pas de juger ces notions à l'aune de notre morale actuelle, mais de saisir que sans elles il n'y a pas de France. "L'absence d'État défait la France", comme le notait le général De Gaulle en 1956.

Thomas Wieder affirme que "la plupart des historiens" reste "perplexes" devant cette vision du passé national. Ah bon... Quels historiens ? Quelques-uns peut-être. Pas la plupart. Et surtout pas l'essentiel de l'historiographie française comme nous le montrons dans Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?

Quant à la République, elle ne saurait assumer l'entièreté de l'être français. Je suis profondément républicain. Mais la langue que je parle n'a pas été créée par la République. La langue française, qui résonne et raisonne de tant d'esprits, est antérieure à la République, et pourtant ingrédient fondateur de notre francité.

Un autre historien, que nous avions déjà évoqué ici-même, Vincent Duclert, répète son attachement viscéral à la notion d'identité républicaine, repoussoir prophylactique selon lui de l'identité nationale. Il se réjouit d'entendre le ministre Éric Besson, déclarer que "l’identité nationale c’est l’identité républicaine". Ce propos n'est pourtant pas exclusif. L'identité d'un pays est une combinaison historique. Dire que la nation c'est la République n'exclut pas ce qui constitue la nation avant la République et dont nous sommes évidemment redevables car notre culture nous y a associés dès notre plus jeune âge, et particulièrement à l'école.

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M. Cler, un professeur de lettres, années 1970 (source)

 


un patrimoine de réflexes enracinés dans la longue durée

2) "Mais la conception d'une histoire de France convoquée à des fins édifiantes - pour "renforce(r) l'identité qui est la nôtre", selon les termes employés par M. Sarkozy -, semble pour nombre d'historiens totalement anachronique. "Je ne vois pas l'intérêt de figer dans un musée ce qu'Ernest Lavisse a fait il y a un siècle dans les manuels de la IIIe République", explique ainsi Jean-Noël Jeanneney, dont l'un des livres interroge le rapport des présidents à l'histoire (L'avenir vient de loin, Seuil, 1994)." (Thomas Wieder)

réponse - Que la vision d'Ernest Lavisse soit marquée par le grand projet politique assimilateur de la IIIe République est une évidence. Qu'il ne faille pas rééditer ce dispositif tel quel est encore une évidence (quoi que...). Mais cela interdit-il tout projet de reconnaissance par une nation des éléments de son identité historique ? Ou alors, dites-nous que c'est la dimension historique elle-même qui vous insupporte. Dites-nous que la synchronie a évacué toute diachronie. Dites-nous qu'un peuple n'a plus le droit de se reconnaître dans sa filiation chronologique, que seule compte la "société" et non plus la "nation". Dites-nous que la sociologie a évincé l'histoire.

De Jean-Noël Jeannenay, on peut surtout retenir cette formule : La République a besoin d'histoire. Oui, la république a besoin d'histoire parce qu'elle n'est pas l'alpha de notre existence nationale : "À l'opposé des thuriféraires du «tout beau tout neuf» des apôtres de l'accélération de l'Histoire, des dénonciateurs de la conduite «les yeux dans le rétroviseur», on doit rappeler que nul acteur ne peut jamais se couper d'un patrimoine de réflexes enracinés dans la longue durée" explique Jean-Noël Jeanneney.

D'accord avec lui. Mais Sarkozy aurait parlé d'un "patrimoine de réflexes enracinés dans la longue durée", qu'on lui serait tombé dessus à coup d'épithètes tels que "barrésien", "sociobiologiste", "pétainiste", etc.


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les Très riches heures du duc de Berry, XVe siècle

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faucheurs et faucheuses dans le Nivernais, début du XXe siècle

 

roman national

3) "Professeur à l'université Paris-XII, François Dosse voit, quant à lui, dans le projet de M. Sarkozy "une entreprise régressive sur le plan théorique". "Les recherches récentes sur la nation, comme celles de Pierre Nora, nous montrent que le roman national n'est pas une donnée mais une construction qui a elle-même une histoire, explique-t-il. Je crains qu'un tel musée, en niant cette complexité, nous ramène cinquante ans en arrière." (...)" (Thomas Wieder)

réponse -  Pur sophisme... J'aime bien les ouvrages de François Dosse. Mais cette déclaration est vide de sens.
D'abord, que Pierre Nora ait montré le caractère construit du "roman national" ne prive pas celui-ci d'épaisseur historique ni d'intériorisation par les sujets qui y trouvent la matrice de leur individuation nationale.
Tout fait social en histoire est construit, comme le rappelle Maurice Agulhon que nous citons dans Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? Cela le priverait-il de réalité ou d'intérêt ?
Ensuite, il n'y a que procès d'intention à craindre un musée refusant la "complexité" de l'histoire de France. La vérité, c'est que tout rappel de l'identité nationale agace les esprits faibles qui la réduisent au spectre Barrès-Maurras-Pétain. Ils ont tellement assimilé à une vraie pensée le vade mecum antiraciste des années Mitterrand, tellement acquiescé à l'équivalence Français = beauf raciste, qu'ils ignorent la prégnance positive et généreuse d'une telle référence dans la culture française, dans la tradition politique française.

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1938

 

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1944

 


l'Europe, tueuse d'identités nationales ?

4) "À ces soupçons s'ajoutent deux critiques plus fondamentales. La première vise la pertinence même d'un musée circonscrit à l'Hexagone. "Cela a-t-il un sens, alors que notre cadre de référence est aujourd'hui l'Europe, de faire un musée qui célèbre, comme le dit Max Gallo cité dans le rapport Lemoine, l'"âme de la France" ?", se demande ainsi Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l'université Paris-I et coauteur de Comment Nicolas Sarkozy écrit l'histoire de France (Agone, 2008)" (Thomas Wieder).

réponse - De quoi l'Europe est-elle le "cadre de référence" ? De politiques économiques et sociales (?) communes peut-être. Certainement pas d'une identité commune. Pour une raison élémentaire. La base de l'identité étant la langue, on ne parlera jamais (c'est à espérer... ou alors quel désastre culturel...!) la même langue dans les nombreux États de l'Union européenne. On n'aura jamais les mêmes références historiques.

Cela n'empêche pas de lire l'histoire nationale dans ses rapports avec l'Europe, évidemment. Comment comprendre le patriotisme de Jeanne d'Arc sans référence à l'histoire anglaise, comment comprendre la monarchie des XVIe et XVIIe siècles en dehors du conflit avec les Habsbourg, comment comprendre la "Grande Nation" et l'épopée napoléonienne en dehors de l'hostilité des monarchies européennes à la Révolution française...?

L'Allemagne possède un Musée de l'histoire allemande (Deutsches Historisches Museum) abrité par l'Arsenal (Zeughaus) et par un nouvel ensemble réalisé par l'architecte de la Pyramide du Louvre, Ieoh Ming Pei, à Berlin même. Une présentation de ce musée en décrit la composition : "Sur près de 7.500 m², neuf salles consacrées chacune à une époque sont autant d’étapes à travers l’histoire allemande, de ses premières heures à nos jours". Deux mille ans du passé allemand sont retracés, lit-on sur le site du Musée.

Il existe un Musée national de l'histoire américaine (National museum of American History) ayant pour mission la compréhension de "notre nation et de ses nombreux peuples". Pourquoi la France ferait-elle exception ?

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Musée de l'histoire allemande, à Berlin

 



deux catégories de Français qui ne comprendront jamais

l'histoire de France (Marc Bloch)

5) "La seconde critique porte sur la finalité même de la discipline historique. "L'histoire, explique Gérard Noiriel, directeur d'études à l'Ehess, ne se réduit pas à une collection de faits et de personnages. Pour les historiens républicains, comme Marc Bloch, elle devait d'abord forger l'esprit critique par la confrontation des sources. Je me demande pourquoi on mettrait de l'argent dans un musée d'histoire voulu par le président alors qu'on tranche dans les crédits de l'université et du CNRS, où la recherche se fait de façon indépendante."  (...)" (Thomas Wieder)

réponse - Gérard Noiriel fait semblant d'ignorer qu'il existe plusieurs types d'expression de l'histoire. La recherche en est une, la muséographie en est une autre. La nation a le droit de donner à ses citoyens l'image de deux milles ans de leur histoire - pour compter comme le Musée de l'histoire allemande.

Quant à Marc Bloch, Noiriel fait un usage infidèle de la pensée de celui qui a écrit : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. Peu importe l'orientation présente de leurs préférences. Leur imperméabilité aux plus beaux jaillissements de l'enthousiasme collectif suffit à les condamner". Marc Bloch aurait condamné les raisonnements de Gérard Noiriel.

Michel Renard
co-auteur de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?

 

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Hippolyte Lecomte, L'entrée de l'armée française à Rome, 15 février 1798 (1834),
musée national du Château de Versailles ;
un musée de l'histoire de France ferait, évidemment, droit à l'Europe


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22 janvier 2009

la condamnation d'Israël : ressorts inavoués

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ressorts inavoués

Michel RENARD

Il saute aux yeux que l'ampleur et la fureur des réactions devant les victimes de l'intervention israélienne à Gaza ont des ressorts inavoués.
Bien sûr, les images de victimes civiles, enfantines notamment, sont insoutenables. Comme l'étaient celles des attentats suicides en Israël toutes ces dernières années ; des enfants aussi sont morts. On ne manifesta pas contre le "carnage" quand Saïd Khutari se fit exploser avec sa bombe devant le Dolphinarium de Tel Aviv en juin 2001 causant la mort de 16 adolescents.
Qui donc condamna le fondateur du Hamas, cheikh Yassine, quand il déclara le 11 juin 2003 : "à partir de maintenant, tous les civils israéliens sont des cibles" ? Pareillement les milliers de victimes des attentats de musulmans sunnites contre des musulmans chiites à Bagdad depuis 2003 ne déchaînèrent aucune réprobation enflammée.
En avril 2007, ces attentats coûtèrent la vie à 170 personnes en un seul jour dans le quartier chiite de Bagdad : "J'ai vu des dizaines de cadavres. Certaines personnes ont été brûlées vives à l'intérieur de minibus. Personne n'a pu les en sortir après l'explosion", témoignait le photographe de l'agence Reuters.
Mais comment choisir la bonne victime à déplorer – les deux protagonistes étant pareillement musulmans ? Dans le cas de Gaza, la véhémence des défenseurs publics du Hamas palestinien se nourrit de l'antisémitisme qu'elle permet d'extérioriser sous couvert d'une condamnation d'Israël pour traitement inhumain à l'égard de populations civiles.
Je ne défends pas l'intervention israélienne – elle a aussi des ressorts cachés. Mais, de grâce, ne soyons pas dupes. L'antisémitisme est une composante de l'islamisme international. Le sort des Palestiniens n'est qu'un vecteur instrumentalisé de cette haine antijuive que l'islam fondamentaliste fait mijoter depuis des décennies. Et dont en France, désormais, résonne l'écho.

Michel Renard
co-auteur de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?
(Larousse)


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Gaza, janvier 2009


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Israël, 2007




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20 janvier 2009

bon pour les autres

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bon seulement pour les autres...?

Michel RENARD


Lu dans Le Monde daté du 19 janvier : "La nation-Obama face à l'histoire. Plus qu'un concert, ce fut une fresque patriotique. Les festivités d'investiture de Barak Obama ont commencé dimanche 18 janvier, à Washington, par un hymne à la "grandeur de l'Amérique", balayant 200 ans d'Histoire, des épisodes les plus glorieux aux moments les plus sombres. Un moment de patriotisme, mais dans sa version Obama : sans nationalisme."

Ainsi, la nation, le patriotisme, la grandeur du pays sont des valeurs adulées aux États-Unis et connotées positivement chez tous les observateurs de l'accession de Barak Obama à la Maison Blanche. En France, c'est la sociologie soupçonneuse et l'antiracisme fourvoyé qui disqualifient la nation. En attendant les élections européennes, à l'occasion desquelles les 90% de journalistes qui étaient favorables au "oui" en 2005 vont se réveiller et faire assaut de ringardisation du cadre national.

aucune action collective sans cadre national

Nous leur répliquerons avec les propos déjà anciens d'Emmanuel Todd dans l'Illusion économique (1999) : "le taux d'abstention massif à l'échelle continentale, évoque l'inexistence collective européenne. L'indifférence des peuples explique, autant que les perspectives sombres de l'économie, la faiblesse de l'euro. Pas de monnaie sans État, par d'État sans nation, pas de nation sans conscience collective". "L'Illusion économique - disait son auteur, affirme qu'aucune action collective, économique notamment, n'est possible sans utilisation du cadre national" (préface).

Cette prophétie, Barak Obama l'a faite sienne. Son discours d'investiture a été marqué par la référence aux idéaux fondateurs, aux pères fondateurs, à la dimension nationale-: «Notre nation est en guerre contre un vaste réseau de violence et de haine (...) Nous réaffirmons la grandeur de notre nation en sachant que la grandeur n’est jamais donnée mais se mérite. (...) À compter d'aujourd'hui, nous devons nous reprendre, nous secouer et commencer à refaire l'Amérique». Le 44e président des États-Unis ne parle pas de défaire son pays et de l'abandonner aux inconstances d'un cadre supranational. C'est l'inverse.

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la mobilisation de la nation

C'est la grammaire des réalités nationales qui est conjuguée pour l'arrivée de ce président. La correspondante du Figaro à Washington le rapportait le 19 janvier : "À Philadelphie, berceau de la nation américaine, où débutait l'expédition, Barack Obama a rappelé à ses compatriotes «les défis immenses» qui l'attendent en tant que 44e président des États-Unis, les invitant à prendre exemple sur «l'idéalisme et la persévérance» montrés par les fondateurs de la nation en 1776, quand ils lancèrent le combat pour l'indépendance. «Nos problèmes sont peut-être nouveaux, mais ce qui est nécessaire pour les surmonter ne l'est pas», a affirmé ce passionné d'histoire. «Ce dont nous avons besoin, c'est d'une nouvelle déclaration d'indépendance, pas seulement pour notre nation, mais dans nos vies, pour nous libérer de l'idéologie et de l'étroitesse d'esprit, des préjugés et du sectarisme», a-t-il poursuivi, avant de lancer «tout est possible en Amérique !», manière pour lui de renouveler son appel à la mobilisation de la nation en ces temps de grave crise."

Et comme l'écrit Laure Mandeville dans ce même journal aujourd'hui : "C'est sans doute parce que cette quête d'unité coïncide aujourd'hui avec celle de la nation tout entière qu'il a finalement été élu".

Ségolène Royal se flatte d'avoir "inspiré" Barak Obama. Si cela est vrai, il ne doit pas s'agir de la référence nationale, car sur le site de ses partisans à Lacanau (département de la Gironde), on écrit qu'Éric Besson, "collabo" (...!!), "se glisse dans le pantalon vichyssiste d'Hortefeux" (source).
En France, la référence à l'identité nationale c'est vichyssime...! Bravo... Mais c'est bon en Amérique. Allez comprendre.

Michel Renard

PS (1) - En Algérie, le Conseil constitutionnel vient de rappeler les conditions de candidature pour concourir à l'élection présidentielle.
Voici quelques-uns de ces critères : "un engagement (manuscrit en langue nationale officielle) signé par le candidat portant sur : la non utilisation des composantes fondamentales de l'identité nationale dans sa triple dimension, islamique, arabe et amazighe, à des fins partisanes-; la promotion de l'identité nationale dans sa triple dimension, islamique, arabe et amazighe, (...) la consolidation de l'unité nationale ; la préservation de la souveraineté nationale ; l'attachement à la démocratie dans le respect des valeurs nationales", etc... (source).
L'identité nationale, les valeurs nationales, c'est bon pour l'Algérie. Pas pour la France. Allez comprendre.

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PS (2) - Interview d'Éric Besson dans Le Monde du 20 janvier 2009:

Le concept d'identité nationale accolé à celui d'immigration ne vous gêne-t-il pas ?
Éric Besson - Je n'ai pas de problème avec ce concept. L'identité nationale c'est l'identité républicaine. J'ai toujours été frappé par l'incapacité de certaines élites françaises à assumer cette dimension-là. Pourquoi être fier d'être français serait une difficulté ? L'identité nationale ce n'est pas le nationalisme. Dire qu'on ne peut associer immigration et identité nationale, c'est une tartufferie. Il y a une dialectique évidente entre les deux. La France est une terre de métissage et l'immigration l'a enrichie. Mais il y a une tension, c'est évident. Nous avons échoué dans le fait que les jeunes qui sifflent La Marseillaise ne se reconnaissent pas en tant que Français. On doit donc traiter ce problème. (source)

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9 décembre 2008

la République ou l'Hexagonie ?

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larguons la France républicaine, ennemie de la diversité…

place à l'Hexagonie !

Chaque semaine apporte sa néfaste nouvelle. Le rapport de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) sur les "stéréotypes et discriminations" dans les manuels scolaires se révèle le fourrier des partisans de l'inculture, au nom du respect de la diversité. La décision du ministre Santini supprimant l'épreuve de culture générale dans les concours administratifs enfonce un coin supplémentaire dans l'application du principe d'égalité, toujours au nom du respect de la diversité. L'universel s'éloigne un peu chaque fois.

La réforme des lycées fragilise le socle des savoirs transmis au profit d'un saupoudrage d'options aussi vite choisies qu'abandonnées. La réforme des concours de recrutement des professeurs (Capes) réduit le savoir disciplinaire à une peau de chagrin au profit des gadgets délétères du pédagogisme et autres prétendues "sciences de l'éducation" qui se légitiment par la prétention de traiter la diversité. Dans les deux cas, c'est l'exigence d'une compétence intellectuelle qui s'amoindrit. République et école en chute libre, danger.

l'absence d'État défait la France

Régis Debray, prophétique, décrivait ces involutions il y a vingt ans déjà : "L'État républicain a pour fin 273810052Xd'assumer dans la société la fonction de l'universel. Il a, à ce titre, partie liée avec l'École, cette institution qui a elle-même pour fin de faire accéder tous les petits d'homme, quelle que soit leur origine sociale, à l'universalité du Savoir. L'enfant est instruit, c'est-à-dire mis en état d'exercer son jugement, afin d'être en mesure, plus tard, d'exercer ses droits et de remplir ses devoirs de citoyen (les deux n'étant pas séparables). (…) Elle requiert d'abord la dignité, la primauté, la célébration, la reconstruction des lieux, personnels et rituels d'enseignement (…) Le désarmement unilatéral et non contrôlé de l'instruction publique (au bénéfice d'autres notions et pratiques telles quel le dressage, l'apprentissage, l'information, l'habileté, l'adaptation à son milieu social ou professionnel) [il faudrait ajouter aujourd'hui à cette liste : l'adaptation à son origine, à sa communauté, à la diversité…]-; le discrédit de l'esprit critique, de l'idéal savant et du "scolaire" sous les coups du dogmatisme médiatique, la recherche, partout, de l'institution nulle ou quelconque disqualifient l'ancien État de droit au bénéfice des nouveaux pouvoirs de fait" (Que vive la République, 1989).

Voilà donc vingt ans que les éléments structurant l'identité collective républicaine - en ses grands socles en tout cas – sont malmenés. Ils l'ont été par la gauche, qui s'est acharnée contre l'école de la culture. Ils le sont par la droite, dans sa bien curieuse lutte pour le respect de la diversité.

En 1953, Charles De Gaulle confiait à son fils : "La gauche m'avait abandonné au lendemain de la Libération parce qu'elle est contre l'État. La droite m'a abandonné ensuite parce qu'elle est contre le peuple" (cité par Maurice Agulhon, De Gaulle, histoire symbole, mythe, 2000). Cinquante ans plus tard, la polarisation s'est inversée. La gauche est contre le peuple (1), la droite est contre l'État. À chaque fois, cependant, c'est la France qui pâtit parce qu'elle n'est pleinement elle-même que lorsque l'État fait la France : "l'absence d'État défait la France", écrivait le général en 1956. La France vaincue, il ne restera plus que l'Hexagonie : théâtre agonistique marqué par l'oubli d'un héritage et d'une histoire commune et par la surenchère mémorielle et tous les syndromes centrifuges de la diversité.

Michel Renard

(1) lire La gauche sans le peuple, Éric Conan, Fayard, 2004.

9782012790322FS

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5 décembre 2008

un islam radical antifrançais et antisémite

Ces groupes radicaux séduisent d'autant plus facilement les jeunes qu'ils sont en rupture avec la société française mais également avec l'islam traditionnel des parents. Ap/Cosgrove



De plus en plus de femmes islamistes

radicales en France


À Auxerre, une trentaine d'entre elles multiplient les propos

antifrançais et antisémites

De loin, leur groupe est impressionnant. Une trentaine de femmes perdues sous leur niqab noir. Des silhouettes qui ne sont pas passées inaperçues à Auxerre, où ce groupe, qui se revendique du tabligh, une mouvance piétiste et fondamentaliste, a attiré l'attention de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). La mouvance radicale se féminise, à en croire les policiers. À Auxerre, ce groupe est particulièrement prosélyte, suivant la doctrine des tablighs, ces croyants qui entendent reproduire le mode de vie du prophète et vont au-devant des publics, notamment marginalisés, pour porter cet islam du pied de la lettre.

À la sortie des écoles, ces femmes entièrement voilées abordent les mères de famille, proposent une éducation musulmane, engagent à rejoindre un groupe de lecture du Coran. Elles forment un groupe soudé et tourné contre l'Occident, décrit la DCRI. Ces femmes se réunissent pour vouer aux gémonies la France, les juifs, qu'il  «faut anéantir» et parler de djihad. À leur tête, deux femmes, l'une marocaine, l'autre convertie, mèneraient ces actions, dans la mouvance d'un imam surveillé, el-Mouloudi Moutaa.

«On observe une montée en puissance du féminisme islamique, avec son versant radical», confirme Bernard Godard, auteur des Musulmans de France (Robert Laffont). Les mouvements tablighs, mais aussi salafistes, tout aussi fondamentalistes, mais plus politiques, connaissent un succès croissant, avec la recrudescence des prêches enflammés, selon la DCRI. Notamment parmi les femmes, du Maghreb et d'Afrique noire, «ce qui est nouveau».

Ni intégration ni émancipation

Ces groupes séduisent d'autant plus facilement les jeunes qu'ils sont en rupture autant avec la société française qu'avec l'islam traditionnel des parents. «Ce n'est plus la génération des filles voilées qui avaient manifesté contre la loi sur les signes religieux à l'école, en agitant des drapeaux français», poursuit-il. Ces recrues gardent de leur jeunesse française les outils de la modernité, la revendication d'une place au même titre que les hommes. Elles s'investissent sur les forums Internet radicaux, organisent leurs propres manifestations.

«Mais se fichent de l'intégration». La plupart étaient «oppressées dans leur famille, marginalisées dans la société. Elles transforment leurs frustrations dans cet islam sectaire où l'on obtient facilement des bons points», analyse Antoine Sfeir, qui vient de publier une Lettre ouverte aux islamistes (avec Ghaleb Bencheikh, chez Bayard).

«La religion leur permet de s'affirmer». Certaines de ces femmes radicalisées ont servi de boîtes aux lettres dans des réseaux terroristes démantelés. Mais leur extrême visibilité les écarte de l'action clandestine et vise la propagande, estime encore Sfeir. Car ces femmes s'attaquent à l'idée que l'émancipation occidentale serait un bienfait.

Le Figaro, Cécilia Gabizon, 5 décembre 2008

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Auxerre

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19 novembre 2008

Pour savoir s’ils sont sous-représentés, il faut donc connaître le nombre de Noirs en France, ce qui n’est pas le cas

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Statistiques :

la question des minorités en France

Michèle TRIBALAT

 

Alors que le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) revendique une plus grande place des candidats issus des minorités aux prochaines élections, l’auteur, démographe à l’Institut national d’études démographiques (Ined), prend part au débat.

En France, l’élection de Barack Obama a conduit à des réactions préoccupantes. Alors qu’elle dénote un dépassement de la question noire aux États-Unis, comme y avait invité le candidat, elle est trop souvent interprétée en France comme une simple affaire de couleur.

Le Cran a profité de l’aubaine pour mettre en avant ses revendications. Il avance un nombre de personnes dites noires hautement improbable, sans soulever l’once d’un désaccord. On a déjà connu cela du temps de Calixthe Beyala, qui chiffrait le peuple noir à 7 millions en 2000 ! La seule référence disponible est une enquête réalisée pour le Cran en 2007, qui évalue leur pourcentage dans l’Hexagone à 2,5 %. Aujourd’hui, le président du Cran, Patrick Lozès, nous assure qu’il y aurait 5 millions de Noirs en France, y compris ceux des DOM, et que ce nombre égale celui des personnes d’origine maghrébine. D’après mes estimations, le nombre de ces derniers vivant en métropole, sur trois générations, serait de 3,5 millions en 2005, soit près de 6 % de la population, ce qui rend le chiffre du Cran tout à fait irréaliste.

L’incapacité à mettre en cause un chiffre avancé par un Noir sur le nombre de Noirs en France en dit long sur notre société et constitue un traitement discriminatoire à part entière. Mais elle tient aussi au parisianisme de la presse nationale. Cette dernière extrapole la situation française d’après ce qu’elle a sous les yeux. 60 % de l’immigration subsaharienne arrive en Ile-de-France. La migration des DOM a été elle aussi très francilienne.

Le CSA vient de réaliser une enquête sur les émissions télévisées et la présence, sur nos écrans, des Noirs et des non-Blancs, mais oui des non-Blancs ! Un Arabe est ainsi classé parmi les non-Blancs par le CSA et parmi les Blancs aux États-Unis ! Les non-Blancs en général, et les Noirs en particulier, seraient sous-représentés à la télévision : 8 % de Noirs dans l’ensemble des programmes, ce n’est pas assez. Il faut revenir au b.a.-ba statistique : on ne peut établir une sous-représentation d’une catégorie particulière sans disposer d’une référence nationale. Pour savoir s’ils sont sous-représentés, il faut donc connaître le nombre de Noirs en France, ce qui n’est pas le cas, enquête du Cran en 2007 mise à part. Tout le reste n’est que divagations.

Le plus drôle c’est que, même d’après les hypothèses les plus fantaisistes du Cran, les Noirs ne seraient pas sous-représentés à la télévision. Le CSA nous dit que les non-Blancs ne constituent que 11 % des personnages recensés dans la fiction française contre 19 % dans la fiction américaine. Faut-il préciser que le cinéma américain n’est pas destiné en priorité au public français ? En 2007, aux États-Unis, où l’on élabore des statistiques raciales, 14 % des Américains sont noirs.


l’abstention de la statistique publique n’a pas empêché
le ressassement des questions ethnoraciales

En France, on ne devrait pas pouvoir à la fois se vanter d’avoir réussi à faire barrage aux statistiques ethnoraciales et espérer connaître la situation des Noirs. Pourtant, manifestement, dans ce pays, on sait sans avoir besoin de compter. Or le Conseil constitutionnel a interdit les statistiques fondées sur une appréciation subjective. Mais c’est pour la bonne cause. Non ?

La question étant sur la table, il vaudrait mieux avoir des statistiques bien faites plutôt que des évaluations approximatives élaborées par des groupes de pression, fort légitimes, mais directement intéressés par les résultats. L’abstention de la statistique publique n’a pas empêché le ressassement des questions ethnoraciales.

Michèle Tribala
mercredi 19 novembre 2008
Le Figaro

9782707124494FS     9782070762477FS

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12 novembre 2008

plus de défilé du 11 novembre à Montreuil (Seine-Saint-Denis)

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Dominique Voynet, maire de Montreuil

ne veut plus de défilé

pour commémorer le 11 novembre

mais les anciens combattants défilent quand même


- extrait d'un article du journal Le Parisien, 12 novembre 2008

La décision de la maire (Verts) Dominique Voynet de réduire la commémoration de l’Armistice au seul rassemblement officiel devant le monument aux morts et de supprimer, sans concertation avec les associations d’anciens combattants, le traditionnel cortège de civils et d’anciens militaires, d’élus et d’anonymes, n’est pas passée. 
Depuis qu’ils ont reçu le carton d’invitation-programme de la cérémonie, les anciens combattants n’en décoléraient pas.

Les élus seuls à l'entrée du cimetière

La mairie a eu beau justifier la «modification de forme» des commémorations par sa volonté d’y attirer plus de jeunes, notamment à travers des lectures de lettres de poilus par des collégiens, l’argument reste irrecevable pour tous ceux qui ont ainsi décidé de laver l’affront en défilant quand même. Résultat, le cortège de ce 90e anniversaire de l’Armistice a attiré des habitants qui jusqu’alors se contentaient du recueillement final. Et les élus en écharpe tricolore, Madame le maire au centre, attendaient seuls à l’entrée du cimetière.

leparisien.fr

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échange de courriels
entre Dominique Voynet et Thierry Berkover

- sur un blog plutôt favorable à Dominique Voynet, échange de correspondance entre le maire et Thierry Berkover, président de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation en Seine-Saint-Denis (AFMD 93), secrétaire adjoint de la section de Montreuil de la FNDIRP, fils et petit-fils de déportés à Auschwitz, opposé à la décision de Dominique Voynet : cliquer ici


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source

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8 novembre 2008

la culture d’excuse est irrecevable

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la culture d’excuse est irrecevable

André GÉRIN, député


16 octobre 2008

Chère Marie-George,

À propos des sifflets contre La Marseillaise, lors du match France-Tunisie, la culture d’excuse est irrecevable. Dire : il faut comprendre leur colère, est encore pire car cela ne correspond en rien à la réalité de la gangrène communautariste, des mafias, de l’intégrisme, du combat anti France qui pourrit la vie de nos quartiers, de nos gamins, de nos stades.

Je le dis tout net, je suis en total désaccord avec cette approche, comme j’étais en désaccord avec ceux qui ont parlé de la «révolte» des banlieues, en 2005.

La dérive de la société française nourrit la barbarie, la sauvagerie, ce que j’appelle la société «Orange mécanique», où la violence devient la norme, une violence dont est victime la majorité des ados, des jeunes, des familles populaires.

L’appel au respect des valeurs de la République et de la laïcité dans les quartiers est vital alors que des pans entiers de territoires, de l’espace public sont sous contrôle du communautarisme, que la République, le droit des femmes y sont bafoués.

Le renforcement de la ségrégation urbaine, de la discrimination sociale, l’accroissement du chômage et de la pauvreté, l’usage endémique de la violence ont conduit à la constitution des Ghettos de la République ainsi que je l’ai décrit dans mon livre qui porte ce titre.

Les décisions de la droite et du gouvernement sont dangereuses. Ils se servent des sifflets pour masquer l’indigence de leur politique en direction des cités populaires. Ils savent trouver les milliards pour sauver les financiers mais pas pour restaurer la République dans nos quartiers.

Pour contrer les délires du président Sarkozy, nous devons parler vrai, faire des propositions, mener un combat sans faille contre les mafias, les trafiquants, les intégristes. On ne peut pas dénoncer les talibans en Afghanistan et les ignorer au bas de nos immeubles.

J’aimerais que le PCF et toi-même, ancienne ministre des sports, fassent des propositions aux fédérations, aux clubs, aux associations de supporters, que nous réfléchissions ensemble à la bonne façon de porter les valeurs de la République et de la laïcité, d’encourager la coresponsabilité à tous les étages de la société, de redonner du souffle à l’humanisme pour le «vivre ensemble».

Deux gamins de Vénissieux se sont retrouvés à Guantanamo, en 2002. Ayant été en première ligne, en 2004, pour combattre les propos violents de Bouziane contre les femmes et de demander son expulsion de France, je suis sûr d’une chose : nous devons parler clair, tendre la main aux jeunes de France issus de l’immigration car ils ne se reconnaissent pas dans l’attitude d’une minorité qui les salit et les discrédite.

C’est une question républicaine qui nous renvoie au mariage du drapeau tricolore et du drapeau rouge. J’espère que nous pourrons enfin ouvrir le débat dans le parti. Le Parti communiste français a tout à gagner à mener cette bataille.

Il regagnera ses lettres de noblesse dans les classes populaires tout en agissant de manière efficace pour que la jeunesse de France ait toute sa place dans le pays et soit reconnue comme une chance pour l’avenir. Cette question doit être au cœur de notre stratégie de renversement du capitalisme.

Reçois, Chère Marie-George, mes fraternelles salutations.

André GÉRIN
député, maire de Vénissieux (Rhône)

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à propos des sifflets contre La Marseillaise, lors du match France-Tunisie,
la culture d’excuse est irrecevable (André Gérin)

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